60 ans après, Aimée Stitelmann réhabilitée

60 ans après, Aimée Stitelmann réhabilitée

Le 2 mars dernier, la Commission de réhabilitation du Parlement helvétique a rendu publique sa décision de réhabiliter notre camarade Aimée Stitelmann. Pendant la guerre, elle avait aidé des enfants juifs et des résistants, à passer la frontière entre la Suisse et la France (voir solidaritéS n°40). Arrêtée à plusieurs reprises, emprisonnée 18 jours, elle avait été condamnée, après la guerre, par un Tribunal militaire, à 15 jours d’emprisonnement!

La Commission de réhabilitation a remis en cause ce jugement militaire en estimant que: dans l’optique actuelle, ces condamnations sont ressenties comme une violation grave du sentiment de justice.

Cette réhabilitation est effectuée a minima, en effet, Aimée ne recevra aucune indemnité pour ces 18 jours d’emprisonnement, en outre, son avocat, Me Dolivo, avait demandé que la décision de la Commission soit rendue publique au travers d’annonces dans quatre quotidiens, ce qui a été refusé.

Ne faisons pas la fine bouche, il s’agit d’une première dans l’histoire suisse. Cette victoire devrait encourager celles et ceux qui, comme Aimée il y a soixante ans, aident aujourd’hui les sans papiers à se réfugier en Suisse. On peut espérer que cette décision mettra un frein aux procès qui condamnent des militants qui ont hébergé des êtres humains, fuyant les persécutions dont ils sont victimes dans leur pays d’origine.

Cette première réhabilitation ne nous fera pas oublier que notre pays reste le seul au monde a considérer les Brigadistes de la guerre d’Espagne, ainsi que nos compatriotes engagés dans les Forces françaises libres, comme des délinquants!

Nous n’oublions pas non plus que tous ces anti-fascistes furent condamnés par des Tribunaux d’exception, les tribunaux militaires… et que ceux-ci constituent toujours une menace à l’exercice de nos droits démocratiques!

Daniel KÜNZI