Objectif Berne!

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 Depuis plusieurs semaines, les militant·e·s et candidat·e·s des différentes sections de solidaritéS se mobilisent pour défendre un programme résolument féministe, écologiste et solidaire. Sur nos stands, sur les plateaux télé et même lors de discussions dans nos rangs, la question qui se pose le plus souvent, hormis l’inévitable « vous n’avez aucune chance d’y parvenir », est la suivante: qu’allons-nous faire à Berne?

Ce qui caractérise le système politique helvétique, c’est bien cette capacité à diviser pour mieux régner, les territoires et les forces politiques. Il s’agit d’un système bien rodé et qui semble laisser peu de place à la contestation politique. Dès lors, nous demande-t-on, ne devrait-on pas se contenter de lutter dans les villes ou les cantons, là où nous constituons un cran d’arrêt indispensable aux politiques de droite? Là où nous pouvons « vraiment » agir? Soyons clair: il est impossible de résister aux niveaux cantonal et communal, si nous ne sommes pas en mesure de lutter au niveau national. N’est-ce pas à Berne que sont prises les décisions qui impactent le plus nos vies? Et nous avons les forces nécessaires pour nous positionner et lutter au niveau national. Ne l’avons-nous pas démontré en menant de front les campagnes contre la baisse massive de l’imposition des bénéfices des grandes entreprises (RFFA) et contre la hausse de l’âge de la retraite des femmes (PV 2020)?

Avec des forces extrêmement réduites nous avons porté sur le terrain ces batailles, et nous les avons gagnées contre vents et marée, en tissant ou en renforçant nos liens avec des mouvements sociaux et avec les syndicats. Nous avons marqué de notre empreinte ces objets, nous avons su convaincre toujours plus largement de la justesse de nos positions, et nous nous sommes inscrit·e·s dans l’agenda politique national en lien avec les mobilisations sociales. Là réside notre force, là est notre devoir, là enfin est notre rôle à Berne, celui de lanceur d’alerte.

La politique du Conseil fédéral et de la majorité des Chambres place les intérêts des privilégié·e·s et les droits des plus grandes entreprises de ce pays au-dessus des intérêts et des droits de ses habitant·e·s et de ceux·celles de la planète. La Suisse n’a jamais été aussi riche et inégale qu’aujourd’hui. En 2017, dix ans après l’éclatement de la crise financière, ses multimillionnaires ont accru leurs fortunes de 100 milliards de francs, alors que les taux de pauvreté n’ont cessé d’augmenter depuis 2014, touchant plus particulièrement les femmes. C’est peut-être pour cela aussi que les mobilisations féministes (plus d’un demi millions de personnes dans les rues le 14 juin 2019) et celles pour le climat (dizaines de milliers de jeunes dans toute la Suisse) ont pris tant d’ampleur. Des mobilisations dans lesquelles nous sommes présent·e·s, avec lesquelles nous dialoguons au quotidien, grâce auxquelles nous avons pu évoluer et qui nourrissent aujourd’hui les programmes que nous avons décidé de porter à Berne: la réduction massive du temps de travail, mesure féministe et antiproductiviste, la justice climatique (plan d’urgence pour le climat) et la défense de la démocratie réelle (égalité des droits pour toutes et tous).

Cela fait bien longtemps que la gauche combative n’a eu autant de poids dans le pays. La présence possible à Berne d’un groupe parlementaire avec des élu·e·s à Genève, Neuchâtel, Vaud, Zurich, le Tessin et Bâle est donc à portée de main. Il est temps qu’une véritable opposition se fasse entendre et fasse entendre le cri de la rue et d’une population qui refuse de se résigner à la politique du moindre mal. Votez et faites voter, nous y sommes presque.

Stéfanie Prezioso