UDC et partis bourgeois contre le personnel de vente

UDC et partis bourgeois contre le personnel de vente

Ce 14 avril, le Conseil national a
approuvé une motion du libéral-radical zurichois Markus
Hutter, déposée le 25 septembre 2009, demandant que les
heures d’ouverture des magasins dans les cantons échappent
aux dispositions actuelles de la Loi fédérale sur le
travail (Ltr). L’UDC a voté massivement pour.
L’ensemble des salarié·e·s sont dans le
collimateur.

Actuellement, les cantons ne peuvent, sauf exception, autoriser les
magasins à ouvrir avant 6 heures du matin et après 23 h.
le soir (horaires soumis à autorisation fédérale),
ainsi que plus de quatre dimanches par an. Mais pour ce patron de choc,
colonel à l’armée, il faudrait permettre aux
commerces d’ouvrir à volonté, 24 heures sur 24, et
tous les dimanches. Les pasteurs ne travaillent-ils pas eux aussi le
Jour du Seigneur, faisait-il remarquer aux parlementaires amusés.

    Le Conseil National s’est ainsi montré
plus patronal encore que le Conseil fédéral, qui avait
proposé de rejeter cette motion extrême. En effet,
l’Exécutif craignait qu’une telle disposition vide
totalement la Loi sur le travail (Ltr) de son contenu
(déjà très mince), favorisant une
dérégulation totale des horaires de travail dans les
autres branches (Déclaration du 8 novembre 2010). Selon le
conseiller fédéral libéral-radical bernois J.
Schneider-Amman, « un groupe important de travailleurs de
ce pays » risquait ainsi de se voir
« privé de protection de sa santé et de sa
vie sociale » (14 avril 2011).

    Qu’à cela ne tienne, par 104 voix
contre 62, le Conseil National a décidé que les horaires
de travail du personnel de la vente ne devraient plus être
dorénavant que de la compétence des cantons, aggravant
les disparités existantes à l’échelle
nationale. Ils demandent donc un nouveau démantèlement de
la protection légale des salariés au plan
fédéral. Au vote nominal, la moitié des suffrages
en faveur de cette proposition sont venus des rangs de l’UDC (!),
l’autre moitié des radicaux, des
démocrates-chrétiens et des bourgeois-démocrates.

    A Genève, où les électeurs
viennent de refuser l’extension des heures d’ouverture des
magasins jusqu’à 20h. tous les jours, jusqu’à
19h. le samedi, trois dimanches par an, ainsi que le 31
décembre, les associations patronales jouent une autre
partition. En signe de représailles, elles refusent
aujourd’hui de signer toute convention collective de travail et
de garantir ainsi un salaire minimum (déjà très
bas), des horaires convenables (durée hebdomadaire,
répartition des heures), ainsi qu’une assurance perte de
gain maladie obligatoire au personnel du commerce de détail.

    Face à une telle arrogance des employeurs et
de la droite, nous devons soutenir activement les syndicats du
personnel de la vente ; travailler à renforcer la
protection légale de tous les salariés – en signant
notamment l’initiative nationale de l’USS pour un salaire
minimum légal ; et démasquer les partis comme
l’UDC et le MCG qui soutiennent systématiquement –
à Berne comme à Genève – la
dégradation des conditions de travail des plus mal lotis, de
surcroît dans des secteurs où la majorité des
postes sont occupés par des femmes.

 Jean Batou