Immigration/Racisme

Immigration/Racisme : 33 000 personnes signent pour une application digne du règlement Dublin

Lundi 20 novembre a été remis à Berne l’Appel contre l’application aveugle du règlement Dublin, lancé en janvier à Genève par Solidarité Tattes et soutenu depuis par le collectif R, Droit de rester Neuchâtel, Solidarité sans Frontières, Amnesty International et l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés.

Cet Appel a été signé par plus de 33 000 personnes et plus de 200 associations, dont la Société Suisse de Pédiatrie ; la Société Suisse de Psychiatrie et Psychothérapie d’Enfants et d’Adolescents ; la Société Suisse de Chirurgie Pédiatrique ; et l’Association Faîtière des Enseignantes et Enseignants de Suisse. Il demande à la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga et aux Conseiller·ère·s d’Etat de tous les cantons de cesser d’appliquer aveuglément le règlement Dublin, en renvoyant les réfugié·e·s vers des pays qui ne proposent aucun accueil digne (telle l’Italie). Ce, alors même qu’une clause discrétionnaire dudit règlement permet de déroger au renvoi des familles avec enfants ainsi que de toutes les personnes vulnérables.

Certes, cet appel reste une tentative d’adoucir une politique suisse ouvertement anti-asile, qui devrait plutôt être révisée en profondeur pour permettre l’accueil de tou·te·s les requérant·e·s de façon décente. Toutefois, l’un de ses atouts est d’avoir permis de rassembler les voix de personnalités du monde artistique, littéraire, politique (y compris de partis de droite comme le PDC et le PLR) autour de la lutte contre les renvois Dublin, dont la Suisse est championne (en 2016, elle a renvoyé 3750 personnes, alors qu’elle n’en a accepté que 469 à ce titre – en terme de solidarité avec les autres pays européens, on repassera). Sans compter les méthodes policières, extrêmement brutales, employées pour exécuter ces renvois.

Des professionnel·le·s témoins des atrocités causées par le règlement Dublin se sont aussi mobilisés à l’occasion de cet appel. Des enseignant·e·s dont des élèves ont été arrachés de leur classe en cours d’année, contraints de vider le bureau du ou de la disparu·e après avoir perdu tout contact et sans avoir reçu la moindre information de la part des autorités sur les raisons de cette absence. Des sages-femmes dont le travail est rendu impossible, qui constatent impuissantes les dégâts du stress, de la peur et de la nécessité de se cacher sur la santé de la mère et de l’enfant. Des psychologues qui dénoncent les renvois Dublin comme facteurs aggravant les troubles psychiatriques de personnes déjà profondément fragilisées par leur parcours de vie. Des situations intolérables, qui ne doivent plus exister!

Aude Martenot