Queer, matérialisme et convergence des luttes

Une journée de formation du groupe de travail queer de solidaritéS intitulée « Queer, matérialisme et convergence des luttes » s’est tenue le dimanche 8 mai à Lausanne. L’objectif était d’introduire les participant·e·x·s aux approches queer-matérialistes. 

Le logo de la Pride de nuit 2022
Une Pride de nuit, anticapitaliste, antiraciste et révolutionnaire aura lieu à Lausanne le 2 Juillet 2022

Partant du constat que la période de double crise à la fois sociale et écologique a pour effet de vulnérabiliser particulièrement les membres des communautés LGBTQIA+, la conférence a présenté le genre dans une perspective historique se concluant sur le tournant matérialiste queer de la fin des années 2000. 

Incarnés par une génération de militant·e·x·s et de chercheur·euse·x·s engagé·e·x·s, leurs travaux se résument en trois points. Premièrement, ils et elles ont œuvré à articuler théoriquement les divergences et convergences des domaines queer et matérialistes. Deuxièmement, à partir de l’analyse marxiste, ils et elles se sont affairé·e·s à penser la production des identités de genre ainsi que leurs positions dans le système de production capitaliste. Troisièmement, ces apports cherchent à concevoir des perspectives et des revendications politiques dans le but de subvertir ces catégories qui, rappelons-le, sont nécessaires à la bonne marche du système capitaliste néolibéral. 

C’est dans ce cadre qu’ont été discutées la fragmention des communautés LGBTQIA+ et les tentatives mises en œuvre pour les incorporer aux capitalismes néolibéraux. Ont également été mis en avant les rôles de la famille nucléaire et de la division sexuelle du travail comme deux entités à la fois normatives et productrices de rapports de dominations nécessaires à la perpétuation du système capitaliste.

La binarité comme outil de domination

Pour conclure, il a été montré comment le système de genre et ses deux pôles, la féminité et la masculinité, servent de justification à d’une part certaines formes d’exploitation par la classe capitaliste et, d’autre part, à l’assignation des individus à la binarité de genre. Cette dernière opère la subordination du travail reproductif au travail productif par la dévalorisation symbolique et économique. 

Ces analyses se devront dans le futur d’être réarticulées et affinées en y intégrant les dimensions de race et de classe, mais aussi la prise en compte de l’exploitation différentielle entre le Nord et le Sud global. Le groupe de travail espère que cette formation permettra de tendre vers la compréhension et la reconnaissance des personnes LGBTQIA+ moins privilégiées face à l’homonormativité et de repenser les identités LGBTQIA+. Il s’agit de dépasser une perspective identitaire qui ne prendrait pas en compte les aspects de classe, de genre, de catégorie ethnoraciale, aspects pourtant essentiels à la compréhension des conditions qui jalonnent la vie des personnes queers.

Groupe de travail queer de solidaritéS