27 novembre: mobilisons-nous pour un...

27 novembre: mobilisons-nous pour un... : OUI au droit à un salaire minimum!

En 2008, plus de douze mille citoyen·ne·s ont signé l’initiative populaire cantonale de solidaritéS « Pour le droit à un salaire minimum » soumise en votation ce 27 novembre à Genève et soutenue, bien au-delà de la gauche, par tous les syndicats sans exception et de nombreuses associations et groupements… Un texte analogue, approuvé par une majorité du parlement cantonal, est soumis le même jour aux électeurs·trices du Canton de Neuchâtel.

Ces initiatives sont simples, elles fixent le principe d’une ligne rouge à ne pas franchir en matière salariale, comme la législation en fixe dans d’autres domaines… Dans nombre de matières en effet, allant des vacances aux horaires de travail, il y a quelques normes légales, des maximums et des minimums, des garde-fous, mais pas dans un domaine aussi vital que les salaires… Ce n’est pas normal ! Nous disons – simplement – que toute personne exerçant une activité salariée doit disposer d’un salaire lui garantissant des conditions de vie décentes.

C’est important : en Suisse une personne sur dix n’arrive vraiment pas à joindre les deux bouts malgré son travail. Il y a dans ce pays plus de 400 000 working poor travaillant à plein temps mais contraints à se tourner vers l’aide sociale. Pourquoi ? Parce que le droit élémentaire dont on parle, pourtant reconnu par la Déclaration des droits de l’homme en son art.23, n’est ni inscrit dans la loi, ni garanti dans les faits, de Genève à Romanshorn.

Or les salaires stagnent, le coût de la vie explose : les loyers augmentent, les primes d’assurance maladie prennent l’ascenseur. De plus en plus de familles basculent dans la pauvreté : l’adoption d’un salaire minimum serait un pas en avant pour permettre à toutes et tous de vivre dans la dignité.

Sous la pression de patrons sans scrupules et de l’exigence absolue du profit maximum, la sous-enchère salariale sévit. Seule la fixation d’un salaire minimum légal va dans le sens d’une protection générale contre le dumping salarial, c’est une mesure indispensable avec la « libre circulation » des personnes et le bassin de recrutement transfrontalier qu’elle créée… Le salaire minimum constituera une limite inférieure contraignante qui servira de point d’appui pour travailler à la hausse d’autres niveaux des grilles salariales dans les différents secteurs économiques. Ce n’est pas une panacée, mais un outil pour se défendre, aux mains des salarié·e·s et de leurs syndicats.

Parallèlement à nos initiatives cantonales, l’initiative fédérale de l’Union syndicale suisse (USS) pour un salaire plancher de 4 000 francs est en passe d’aboutir avec plus de 100 000 signatures à l’échelle nationale. Ces initiatives se complètent, un OUI majoritaire aux initiatives cantonales contribuera bien entendu à l’instauration d’un salaire minimum à l’échelle nationale.

Or moins de dix jours restent pour gagner ces deux votes à Neuchâtel comme à Genève… C’est tout à fait possible, malgré la différence des moyens avec nos adversaires, mais l’aide de chacun·e est nécessaire pour y arriver. Prenez contact avec nous pour recevoir du matériel à diffuser ou à afficher, exprimez-vous aussi partout où c’est possible pour contrer la propagande mensongère des patrons.

Comme contribution dans ce sens, nous publions dans ce numéro un résumé du bilan largement positif de dix ans de salaire minimum légal en Grande-Bretagne, une bonne réfutation des mensonges des patrons qui prétendent que le salaire minimum conduirait à un « nivellement par le bas » des salaires. C’est le contraire qui est vrai ! Les faits sont là.

Les faits sont là également pour contrer la propagande des patrons qui agitent de manière scandaleusement mensongère – comme à Genève – le spectre de salaires à 2 500 francs par mois pour décourager les partisans de nos initiatives.

Le crédit de syndicats patronaux qui se découvrent ainsi soudain une âme de combattants contre les « baisses de salaires » est évidemment fragile. Mais il faut aussi répondre à celles et ceux qui penseraient de bonne foi que ces temps de crise du système économico-financier capitaliste, de licenciements brutaux – comme à Novartis et ailleurs – d’attaques antisociales, comme celles contre nos retraites et nos assurances sociales, l’AI par exemple, justifieraient de « remettre à plus tard » des exigences comme celles du droit à un salaire minimum.

Or c’est le contraire qui est vrai. Jamais plus qu’aujourd’hui l’exigence de lutte contre les inégalités ne s’est imposée aussi fortement, les inégalités sociales, s’aggravent et deviennent chaque jour plus aiguës… Notre riposte doit donc être à la hauteur. Nous devons nous retrouver sur des revendications communes répondant à l’exigence de plus de justice sociale, plus d’égalité hommes-femmes… Le droit à un salaire minimum qui est la règle dans la grande majorité des pays qui nous entourent et qui s’impose même à la droite allemande, qui n’a d’autre choix que d’entrer en matière à ce sujet, est sans aucun doute l’une de celles-ci.

Quelle que soit l’issue des scrutins populaires du 27 novembre, nous n’y renoncerons pas !

Pierre Vanek