Vaud aux commandes de pilotage des vols spéciaux

Ce n’est pas la première fois que les autorités suisses procèdent à des renvois de force des personnes dont le statut n’est pas régularisé. Cette fois-ci le canton de Vaud se montre champion des expulsions forcées.

Lors du renvoi, les policiers se sont chargés de faire les valises des enfants

Le 16 avril, la famille Davrishiyan, originaire de Géorgie et demandeuse d’asile politique, a été expulsée de son domicile à Leysin, où elle habite depuis 2011. L’expulsion, à 6h du matin, s’est faite dans la brutalité: en témoignent les vitres brisées, les cris et les appels à l’aide. Les parents, n’ayant même pas eu le temps de se vêtir, sont ligoté·e·s aux chevilles et poignets, embarqué·e·s dans les véhicules, faisant le trajet jusqu’à Genève la tête couverte. Quant à leurs trois enfants en bas âge, né·e·s et scolarisé·e·s en Suisse, ils·elles sont séparé·e·s de leurs parents et placé·e·s dans un minibus. Ce sont les policiers eux-mêmes qui se sont chargés de faire leurs valises – le tout afin de renvoyer toute la famille dans un vol spécial partant de Genève pour Tbilissi, en les attachant à des chaises roulantes.

Les voisin·e·s sont abasourdi·e·s par la violence du renvoi, et ils·elles ne sont pas les seul·e·s. Une pétition ainsi qu’une conférence de presse convoquée par Droit de rester se sont vite organisées. Notre député Jean-Michel Dolivo a déposé une interpellation du gouvernement, et des questions orales au parlement vaudois, en pointant du doigt le traitement de la famille Davrishiyan, ainsi que les conditions disproportionnées de l’intervention. Ce qui choque le plus, c’est le non-respect de l’état de santé de membres de la famille. La mère avait été hospitalisée quelques jours auparavant, tandis que les derniers rapports médicaux du père vont jusqu’à pointer un risque suicidaire, en soulignant la possibilité de l’acte suicidaire en cas de renvoi. Leur fils, autiste, souffre également de troubles du développement. Sans un suivi médical régulier, il court un haut risque de décompensation. Or il n’y a aucune garantie pour la prise en charge de ce dernier en Géorgie, car les établissements refusent le traitement d’un enfant ne parlant pas la langue du pays.

Un renvoi honteux

Le Conseil d’État tout comme le parlement usent de langue de bois: pour ces derniers comme pour la cheffe du Département, la députée Verte Béatrice Métraux, le renvoi est considéré comme exécutable, remplissant les critères nécessaires et respectant le principe de proportionnalité dans l’usage de moyens coercitifs.

Nous condamnons fermement de pareils traitements mais aussi le rôle honteux de nos institutions, composées à majorité rose-verte, dans l’exécution de ces actions tout comme les violations importantes de droits humains fondamentaux!

Tamara Knezevic