Belgique

Belgique: Face à l'essor des campagnes BDS, tentatives de criminalisation et d'intimidation

Les campagnes BDS à travers le monde ont connu des victoires importantes dans la dernière année. Plusieurs «compagnies complices», qui tirent profit de l’occupation et de la politique d’Apartheid menée par le gouvernement israélien, ont été obligées soit de quitter les usines qu’elles possédaient dans les Territoires palestiniens occupés (TPO), soit de vendre leurs actions, soit encore de se retirer de leurs activités commerciales en Israël. Ces victoires sont le fruit de campagnes de plusieurs années, coordonnées au niveau international.

CRH, la grande compagnie irlandaise de matériaux de construction, qui a contribué à la construction du Mur, a dû vendre les parts (25 %) qu’elle détenait dans la compagnie Nesher Israeli Cement. G4S la plus grande entreprise de sécurité dans le monde, qui a géré les prisons et les centres de détention non seulement en Israël mais aussi dans l’UE, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud, va vendre sa filiale israélienne. AHAVA et Sodastream quittent leurs usines dans les TPO. Mekrot, la plus grande compagnie israélienne d’approvisionnement d’eau, qui pratique une politique d’Apartheid dans l’accès à l’eau en Israël et dans les TPO, a perdu un contrat avec l’Etat de Bahia au Brésil. Deux grandes églises étatsuniennes, la United Methodist Church et les Unitarian Universalists, ont voté le désinvestissement de cinq banques israéliennes complices du financement des colonies implantées illégalement dans les TPO.

La campagne de BDS pour le boycott académique a récemment été soutenue, notamment par l’Association américaine d’anthropologie (AAA), des enseignant·e·s de l’Université de Columbia et des étudiant·e·s de l’University College à Londres.

Le point commun dans tous ces succès est l’utilisation du droit international pour faire valoir la reconnaissance des droits légitimes à la liberté, à l’égalité et à la justice pour le peuple palestinien. Toutes ces entreprises ont violé d’une manière ou d’une autre le droit international et/ou la 4e Convention de Genève. Vu la complaisance envers Israël de nos pays respectifs face à ces violations, ce sont les membres de la société civile à travers le monde qui œuvrent pour mettre un terme à l’impunité dont bénéficie l’Israël et pour faire valoir la reconnaissance des droits des Palestinien·ne·s.

Au moment où le combat pour la justice en Palestine gagne du terrain dans la société civile européenne, des dirigeants politiques tels Manuel Valls et David Cameron volent au secours du gouvernement israélien en taxant toute critique du sionisme comme étant de l’anti­sémitisme. Un ministre de Cameron n’hésite même pas d’affirmer que le mouvement BDS commet «un crime pire que l’Apartheid».

 


Stephen Melkisethian

Contre-offensive israélienne

Après avoir dans un premier temps affirmé que le mouvement BDS n’avait pas d’impact sur Israël, le gouvernement de Netanyahou vient de prendre une série de mesures répressives contre toute personne ou tout groupe qui ose appeler au boycott d’Israël. Le gouvernement le plus raciste dans l’histoire d’Israël assimile désormais BDS à un mouvement «terroriste». Yisrael Katz, ministre de ce même gouvernement, n’a pas hésité le mois passé d’appeler à des «éliminations civiles ciblées» des leaders du BDS. A cette même conférence, se trouvait l’ambassadeur de l’UE en Israël.

On note ainsi une convergence entre, d’une part, les atteintes contre la liberté d’expression et les droits civils au nom de la lutte contre le «terrorisme» qui se multiplient dans les pays occidentaux et d’autre part la campagne liberticide et répressive du gouvernement israélien. Israël se place comme expert dans la «lutte contre le terrorisme» (sic), faisant valoir sa longue expérience dans ce domaine, sans parler de son industrie sécuritaire très convoitée.

Cela contribue à instaurer un climat inquiétant de menaces, d’intimidations et de répressions qui n’est pas sans rappeler l’ère du maccarthysme aux Etats-Unis et les pires jours du régime d’apartheid en Afrique du Sud. Cela devrait inquiéter profondément non seulement les militant·e·s qui défendent les droits du peuple palestinien, mais encore tous ceux·celles qui tiennent aux libertés civiles, les mouvements progressistes qui luttent contre le racisme, le sexisme, la discrimination des indigènes, pour une justice sociale, économique et environnementale.

Les mesures autoritaires adoptées contre BDS incluent des poursuites judiciaires contre les militant·e·s BDS en France, entre autres pour avoir porté un T-shirt BDS ; des propositions aux USA pour exclure des financements ou des contrats publics les organisations qui soutiennent BDS ; la condamnation de BDS par le parlement canadien ; et les pressions du gouvernement britannique sur les conseils locaux qui ont voté des mesures soutenant BDS.

La législation antidémocratique et les pressions juridiques peuvent éventuellement, dans un premier temps, parvenir à réduire la liberté d’expression. Mais elles n’ont toutefois pas la capacité de dissimuler – ou de rendre plus acceptables – les crimes d’Israël contre le peuple palestinien sur sa terre originelle et la poursuite du nettoyage ethnique de communautés palestiniennes entières, spécialement à l’intérieur et autour de la vallée du Jourdain, à Jérusalem-Est et dans le désert du Naqab.

C’est pourquoi nous défendons le droit de dénoncer ces crimes et d’appeler au boycott, au désinvestissement et à des sanctions envers Israël.

BDS Suisse

 

bds-info.ch / eccpalestine.org