Sécurité vieillesse, un enjeu prioritaire en Suisse

Sécurité vieillesse, un enjeu prioritaire en Suisse

En Suisse, la bourgeoisie ne cesse de pousser à l’augmentation de l’âge de la retraite et à la réduction des montants des pensions. Principal argument invoqué à l’appui de cette politique: l’espérence de vie ne cesse de croître, d’un ans tous les trois à quatre ans. Le raisonnement serait correct si l’on faisait le choix de ne pas adapter le financement des retraites à l’augmentation de l’espérance de vie. Et ce dernier point est un choix politique, et non une nécessité objective!


En Suisse, ce choix politique est mis en oeuvre de manière accélérée

  • 11ème révision de l’AVS qui repousse à 65 ans l’âge de retraite des femmes, qui supprime les rentes de veuves sans enfant, qui diminue l’adaptation des rentes.
  • Première révision de la LPP (Loi sur la prévoyance professionnelle) qui prévoit une diminution des rentes de 5,6 % au travers de la diminution du taux de conversion (Taux qui définit le montant de la rente pour un capital accumulé donné).
  • Diminution prévisible des rentes par la diminution du taux de rendement minimal des capitaux du deuxième pilier.
  • Répétitions des prises de position pour une retraite à 67, voire 70 ans (Couchepin, Economiesuisse, Jeunes radicaux, …).
  • Passage d’une majorité des Caisses de la primauté des prestations à la primauté des cotisations, ce qui revient à faire assumer les risques des placements financiers aux salarié-e-s.

Toutes ces mesures concrètes sont prises dans un climat de crainte créé par la droite et bien répercuté par les médias, à l’aide d’affirmations le plus souvent mensongères et qui attaquent en particulier les caisses publiques. Ce climat est encore renforcé par la déconfiture boursière de ces dernières années.


L’enjeu des retraites est si important que malgré l’artillerie lourde utilisée par la bourgeoisie, ses arguments ne passent pas, et c’est sur la question des retraites que les salarié-e-s font montre d’une combativité particulièrement forte (15000 manifestant-e-s à Berne le 31 août dernier, grèves en Autriche et en France, …). Car il est juste et possible de défendre une sécurité vieillesse digne de ce nom.


Tout d’abord car notre société produit assez de richesses pour qu’il soit indécent d’entendre dire que les vieux devront se serrer la ceinture parce qu’ils vivent trop longtemps. De plus, si le choix politique d’une priorité sociale garantissant les ressources nécessaires à des retraites correctes est pour nous une évidence, il faut ajouter que ce choix est loin d’être économiquement insupportable: l’augmentation de l’espérance de vie de 3 mois par an induit une augmentation du coût total des retraites de 1,3% par an. En d’autres termes, si l’augmentation des richesses produites est de 1,3% par an, ce qui est bien inférieur à la croissance visée de 3%, il suffit de maintenir constante la part des richesses produites dédiée aux retraites pour que l’augmentation de l’espérance de vie soit financée! La position de la bourgeoisie sur les retraites se réduit donc à ce seul objectif: elle veut s’attribuer une part plus grande du gâteau.


Face aux régressions voulues par la droite, il faut donc défendre les acquis de la prévoyance vieillesse en Suisse. Ce qui ne veut pas dire que cette prévoyance soit un modèle auquel nous adhérons! Il ne faut pas oublier ses limites, le besoin de le transformer entre autres sur les points suivants:

  • L’objectif de la retraite à 62 ans ne doit pas être abandonné.
  • L’AVS qui devrait constitutionnellement assurer le minimum vital ne le fait pas.
  • Une grande partie des salarié-e-s, en particulier les femmes, ont un revenu inférieur au minimum assuré par le deuxième plier, et en sont donc exclu-e-s.
  • Le deuxième pilier impose la capitalisation intégrale (à l’exception des collectivités publiques), système que nous avons déjà critiqué, en particulier parce qu’il ne permet pas un système basé sur la solidarité.
  • Le troisième pilier se réduit à des cadeaux fiscaux à ceux qui en ont les moyens.

La réponse, c’est un système national de retraites populaires, qui doit abandonner la capitalisation intégrale, englober toute la population en Suisse, développer la solidarité et garantir un revenu suffisant à chacun, tout en conservant les acquis actuels.


Michel DUCOMMUN