Grandes fortunes, gros bénéfices: la droite hurle aux loups!

Grandes fortunes, gros bénéfices: la droite hurle aux loups!


Depuis quelques semaines, des cordes de pendus s’étalent sur les panneaux d’affichage. La droite, qui n’a toujours pas digéré l’acceptation en juin 2002 de notre initiative pour taxer les grandes fortunes et les gros bénéfices, tente d’effrayer la population. Elle ressort les bonnes vieilles ficelles du catastrophisme: l’acceptation le 18 mai prochain de la loi d’application de l’initiative conduirait des entreprises à la faillite, augmenterait le chômage, ferait fuir les millionnaires etc. etc. La bourgeoisie, lorsque sont en jeux des espèces sonnantes et trébuchantes met le paquet. On a ainsi pu lire dans le GHI un véritable article de propagande de mauvaise foi qui donne la parole à un «pauvre» contribuable disposant d’une fortune supérieure à 1,5 million (ceux touchés par le projet de loi) et qui se plaint de dépenser tous ses revenus pour payer ses impôts! Le titre de l’article affirme sans autre que ce sont les pauvres qui payeront la facture en cas d’acceptation de la loi car, comme chacun le sait, tous les fortunés vont se précipiter hors de Genève!


En fait, l’enjeu de cette votation est moins les quelques 150 millions pris dans la poche des privilégiés de ce canton, que le signal politique fort que constituerait l’acceptation de la loi. En effet, depuis des dizaines d’années, la droite joue sur la démagogie anti-impôts et de réduction du rôle de l’Etat. Et voilà que la majorité du corps électoral a accepté le principe d’une hausse des impôts, ciblée sur ceux qui en ont les moyens. Notre projet similaire avait échoué en 1993 et des propositions semblables avaient toutes été balayées dans d’autres cantons. Notre expérience montre qu’il est important de savoir aller à contre courant, de réaffirmer nos propositions sans craindre des défaites et de ne pas transiger sur nos principes. Se taire, adopter un profil bas parce que l’air du temps est à la démagogie anti-impôts ne conduit qu’à renforcer cette vision du monde.


Aujourd’hui la question n’est pas tant d’engranger de nouvelles recettes – dans ce cas affectées à la réduction de la dette de 10 milliards – mais bien de savoir qui doit passer à la caisse. En juin 2002, la droite était tellement persuadée que l’initiative n’avait aucune chance d’aboutir qu’elle n’a quasiment pas mené campagne (à l’exception de la Chambre de commerce et d’industrie) préférant centrer ses attaques sur le projet de Revenu minimum de réinsertion (RMR) destiné justement aux plus pauvres.


Les écarts entre riches et pauvres, qu’il s’agisse des individus ou des entreprises, n’ont cessé de se creuser avec la mise en oeuvre des politiques néolibérales. Cela se vérifie partout, entre les pays et à l’intérieur de chaque nation. Les chiffres à Genève sont édifiants. Entre 1991 et 2000, le nombre de contribuables disposant d’une fortune imposable a augmenté de 65% et la fortune cumulée de ces gens là a progressé de 47% pour atteindre près de 36 milliards. Alors que 76% des contribuables ne disposent d’aucune fortune imposable, ceux disposant d’une fortune supérieure à 1 million représentent 3% de l’ensemble des contribuables. Pour les entreprises, entre 1991 et 1999, celles déclarant un bénéfice imposable de plus de 1 million ont augmenté de 194% et leurs bénéfices cumulés sont en progression de 95% pour atteindre près de 4 milliards. La hausse est particulièrement forte entre 1995 et 1999 puisque leur nombre est passé de 252 entreprises à 702. L’arrivée de nombreuses transnationales ces dernières années est là pour démontrer que le canton de Genève est particulièrement attractif y compris sur le plan fiscal contrairement aux affirmations démagogiques de la droite.


L’enjeu de la votation du 18 mai prochain va donc bien au delà du projet lui-même. Il s’agit d’une orientation politique qu’il convient de réaffirmer. Votez et faites votez oui au projet de loi concrétisant la taxation des grandes fortunes et des gros bénéfices.


Bernard CLERC