Gauche anticapitaliste tunisienne: une nouvelle organisation voit le jour

Gauche anticapitaliste tunisienne: une nouvelle organisation voit le jour

Des militant-e-s tunisien-ne-s se sont organisés et ont décidé de lancer le mouvement AlternativeS SocialisteS – Bada’el ichtiraquia. Nous reproduisons ici l’appel qu’ils viennent de rendre public, ce 1er Mai.


Notre mouvement est un regroupement de jeunes – et de moins jeunes – militant-e-s qui se veulent anticapitalistes, féministes, écologistes, internationalistes et socialistes.


Nous adoptons la plate-forme du 1er mai 20011. Nous nous considérons comme une continuité de toute l’histoire du mouvement ouvrier tunisien et nous réclamons de toutes les expériences de la gauche radicale tunisienne. Ses défaites, ses victoires, ses erreurs…, sont les nôtres.


Nous refusons toute prétention. Nous voulons juste contribuer modestement à relancer une réponse politique – au sens organisationnel du terme – à cette situation de dispersion de la gauche révolutionnaire.


Loin de tout purisme idéologique, loin de toutes les «têtes pensantes» et de tous les leaders politiques – pour qui nous avons du respect, mais pas de sacralisation – nous rejetons les solutions toutes faites et les recettes «clés en main» du socialisme «scientifique». Notre démarche est dans la rupture totale avec le capitalisme. Nous savons le socialisme que nous rejetons – essentiellement les expériences de la bureaucratie stalinienne et de tous ses «dérivés» – mais, celui pour lequel nous nous battons reste à construire avec toutes et tous. Nous le voudrions issu de la pratique quotidienne de tous les citoyens, de tous les salariés, femmes et hommes, et de toutes les forces vives qui se réclament des tendances d’inspiration marxiste.


Des Karramites2 aux Zapatistes, en passant par l’opposition de gauche en URSS, la Commune, l’expérience des libertaires et des Poumistes durant la guerre d’Espagne, les communistes irakiens de tendance guévariste, etc., c’est dans tout ce patrimoine que nous puisons notre légitimité. Notre appartenance à la culture et à la civilisation arabes est une source de richesse qui nous permet de réclamer la dimension internationaliste comme une condition nécessaire pour le triomphe du socialisme.


Nous sommes un mouvement complètement horizontal, sans aucun centralisme-démocratique, où les initiatives de tous les militant-e-s constituent une richesse.


Notre combat, nous le voulons sur tout les fronts: syndical, étudiant, associatif, culturel. Le niveau culturel n’est pas pour nous un simple moyen de propagande, mais aussi l’une des expressions de la lutte des classes, souvent laissée pour compte ou mal exploitée (à l’exception des expériences des ciné-clubs et des cinéastes amateurs/trices).


Nous sommes ouvert-e-s à toutes les propositions. Nous appelons les camarades du Parti communiste des Ouvriers tunisiens (Pcot), de toutes les sensibilités patriotes-démocrates (maoïstes), des anarcho-syndicalistes et des marxistes révolutionnaires à se lancer dans une construction plus large et fédératrice de toutes ces forces. Nous sommes prêt-e-s à nous incorporer dans n’importe quelle forme organisationnelle plus évoluée de ce qui se présenterait sur la scène actuelle, comme tendance ou comme simple militant-e-s.


Vive la lutte du peuple tunisien et de ses forces vives.


Vive la solidarité internationaliste.

  1. Texte signé par des membres de la gauche anticapitaliste et socialiste tunisienne, à l’occasion du 1er mai 2001, exprimant leur volonté d’unifier leurs forces.
  2. Adeptes d’une tendance de l’Islam du Xème siècle, fondée par Ibn Karram. D’orientation collectiviste, elle prônait l’égalité entre femmes et hommes.