Palestine

Pas de libération sans femmes libres

Fin septembre 2019, à la suite d’un nouveau féminicide en Cisjordanie dans les territoires occupés, un mouvement palestinien féministe, TALIAAT, s’est mis en place.

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 De jeunes femmes militantes palestiniennes se sont mobilisées autour du mouvement TALIAAT afin de dénoncer toutes les violences physiques, psychologiques, économiques et politiques sous les mots d’ordre « pas de pays libre sans la libération des femmes » ou encore « dignité, liberté, justice sociale ».

Selon les chiffres officiels, dix-neuf Palestiniennes ont été victimes de féminicide depuis le début de l’année. Les chiffres réels sont probablement plus élevés. Malgré un amendement à l’article 99 du code pénal palestinien datant de 2018, qui autorise les juges à réduire les peines infligées aux auteurs de dit « crimes d’honneurs », les rapports montrent que les féminicides sont en augmentation en Cisjordanie, à Gaza et au sein de la communauté palestinienne en Israël.

Un large soutien et quelques attaques

Le mouvement TALIAAT s’est mobilisé pour la première fois à Ramallah le 26 septembre, réunissant une centaine de femmes après de nouvelles violences portées par un mari contre sa femme. D’autres manifestations ont été organisées au même moment dans toutes la Palestine historique, y compris dans les villes de Jérusalem, Haïfa, Jaffa, Nazareth et dans la bande de Gaza, ainsi qu’à l’étranger comme à Beyrouth et à Berlin, appelant à un « cri unifié » de soutien aux femmes palestiniennes. Des mouvements féministes au Moyen Orient et en Afrique du Nord, notamment en Tunisie et en Algérie, ont signifié leur soutien aux mobilisations.

Malgré ce soutien large, le mouvement a été l’objet d’attaques par des secteurs conservateurs et réactionnaires palestiniens, l’accusant notamment de « déformer l’image de l’homme palestinien pour servir des agendas extérieurs ». En d’autres termes, TALIAAT est accusé de trahir la cause palestinienne.

Pourtant, les femmes palestiniennes mobilisées ont affirmé que tout projet de libération et d’émancipation, y compris la lutte contre la masculinité toxique, le patriarcat et les violences à l’égard des femmes, doit être profondément enraciné dans les mouvements politiques et sociaux palestiniens pour lutter contre le projet colonial israélien. De même, elles ont appelé à s’opposer aux tentatives de récupération de leur mouvement par l’État d’Israël. Comme le proclame le slogan majeur du mouvement: cette « révolution est une décision contre le patriarcat et le colonialisme ».

Joe Daher

Ignazio Cassis contre le peuple palestinien

En mai 2018, le conseiller fédéral Ignazio Cassis déclarait que l’UNRWA (Agence des Nations Unies pour les réfugié·e·s palestinien·ne·s) « constitue un obstacle à la paix au Proche-Orient ». Coïncidence troublante: en septembre 2018, les USA ont coupé leurs crédits à l’UNRWA (dont ils réclament, comme Israël, la suppression).

En juillet 2019, suite à une enquête sur le fonctionnement de l’UNRWA, la Suisse a gelé ses crédits. De passage en Suisse, Israël Katz (ministre israélien des Affaires étrangères) a déclaré que « la Suisse et Israël auraient convenu de travailler ensemble afin de trouver des alternatives à l’UNRWA » (Le Temps, 5.9.2019). L’alignement de M. Cassis sur Tel Aviv et Washington mériterait le renvoi de son auteur à la vie civile.

Hans-Peter Renk

Jordanie: une grève victorieuse

Après plus d’un mois de grève, le syndicat des enseignant·e·s du secteur public, qui regroupe environ 100’000 personnes, a obtenu des augmentations salariales de 35% à 75%, malgré les attaques contre le mouvement et les menaces du gouvernement jordanien de poursuites judiciaires contre le syndicat. De nombreux parents d’élèves avaient gardé leurs enfants à domicile pour afficher leur solidarité avec les enseignant·e·s en grève.

Le mécontentement grandissant des classes populaires en Jordanie n’a cessé de croître ces dernières années face aux mesures d’austérité sévères imposées par le FMI et l’augmentation des prix des produits de base. Cette situation avait notamment mené à de grandes manifestations durant l’été 2018, pour dénoncer les politiques néolibérales, la corruption et la mauvaise gestion des fonds publics.

Joe Daher