Vers un changement du climat social?

Samedi 28 septembre, la ville de Berne a vu près de 100 000 personne battre le pavé à l’appel de l’Alliance Climatique Suisse, une coalition regroupant ONG et collectifs environnementaux, syndicats et paroisses

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Sandrine Gutierrez Grise

C’est une foule hétéroclite, joyeuse et déterminée qui a occupé les rues de la capitale helvétique au lendemain de la quatrième grève scolaire pour le climat. Toutes les générations étaient représentées. De nombreuses familles ont pris part au cortège, dont une partie n’a pas pu rejoindre la Place fédérale, lieu du rassemblement final, qui a rapidement été saturée en manifestant·e·s.

Cette mobilisation historique nous montre un mouvement social encore en phase ascendante et indique que la crise climatique est un vecteur de politisation, non seulement pour la jeunesse, mais aussi pour une part croissante des salarié·e·s en Suisse.

À trois semaines des élections fédérales, la manifestation n’était bien sûr pas exempte d’enjeux partisans, comme en témoignent certaines pancartes ainsi que les discours de fin, appelant à « voter pour le climat ». Les élections restent en effet une échéance cruciale pour une partie du mouvement climat, dont certaines franges espèrent encore une résolution de la crise climatique par les voies institutionnelles.

Néanmoins, il faut relever la forte présence, tout au long du cortège, de mots d’ordre « antisystème », dirigés contre la croissance économique, le productivisme et le capitalisme, ainsi que des appels à se « soulever » face à l’incapacité des structures politiques et économiques à répondre à la crise climatique. Cette radicalité n’avait pas été aussi palpable il y a un an, avant l’entrée en scène des grèves pour le climat et l’essor de mouvements de désobéissance civile comme XR.

Des membres de la Grève du Climat se sont d’ailleurs exprimé·e·s depuis la scène montée sur la place Fédérale, afin d’annoncer, dans les trois langues nationales, le lancement de l’« Acte II » du mouvement: son élargissement aux travailleurs et travailleuses par la construction de collectifs sur les lieux de travail avec, à la clef, une grande grève le 15 mai 2020. Si le soutien des syndicats à une telle grève politique reste incertain, leur implication dans la manifestation du 28 septembre dénote un changement du contexte social, plus propice que par le passé aux convergences entre mouvement ouvrier et luttes environnementales.

Il appartient aux anticapitalistes et aux écologistes conséquent·e·s de travailler au renforcement de ces tendances. Il s’agit maintenant de concrétiser le mot d’ordre de la « justice climatique », en construisant un rapport de force permettant le déploiement de mesures écosocialistes, radicales et concrètes, qui garantissent la justice sociale, tout en faisant piquer rapidement du nez la courbe des émissions de gaz à effet de serre.

Quim Puig

Genève: reprise réussie, malgré les menaces

Pour cette première édition après la rentrée, le mouvement de grève du climat était attendu au tournant: menaces de plus en plus précises des autorités (dont une interdiction de mener toute activité en lien avec le climat dans les établissements, en totale contradiction avec les objectifs que la conseillère d’État dit poursuivre), doutes sur l’enracinement de l’engagement, départs des plus agé·e·s de chaque établissement vers de nouveaux horizons scolaires ou autres…

Compte-tenu de ces difficultés, le rendez-vous a été loin d’être un échec: certes moins nombreux·euses que dans les mobilisations les plus suivies du printemps, nous étions plusieurs milliers, toujours aussi résolu·e·s à défiler vendredi 27 septembre, désignant de nos mains ensanglantées quelques-uns des principaux responsables de la destruction du climat, dont Credit Suisse.

Groupe écosocialiste Genève

VAUD: En route vers l’Acte II

Vendredi 27 septembre avait lieu la quatrième grève pour le climat dans le canton de Vaud. À nouveau, ils·elles étaient plus de 4000 à descendre dans la rue pour manifester leurs inquiétudes vis-à-vis de la crise climatique et environnementale et exiger une réaction forte des gouvernements. En plus de la traditionnelle marche, une action de désobéissance civile non-violente (blocage d’un axe routier) a été conjointement organisée par la Grève du Climat, la Grève Féministe, Extinction Rebellion (XR), les Artisans de la Transition et d’autres collectifs luttant pour un changement radical de société. Enfin, la Grève du Climat Vaud a dévoilé les grands axes stratégiques de son « Acte II » en vue de la Grève Générale Internationale annoncée pour le 15 mai 2020.

Steven Tamburini