No war! Plus que jamais... 10 mai, manif à Genève

No war! Plus que jamais… 10 mai, manif à Genève

Il aura fallu à peine plus de trois semaines aux forces anglo-étasunnies pour écraser sous un déluge de feu l’armée irakienne, qu’on prétendait jadis la cinquième du monde. Comme prévu, les morts, les blessés, les mutilés, hommes et femmes, enfants et vieillards, civils et soldats, se comptent par milliers – on n’en saura sans doute jamais le nombre exact.


«Choc et terreur», tel était le mot d’ordre. Pour soumettre les grandes villes du pays, les armées d’invasion n’ont pas hésité à laisser leurs habitants sans eau ni électricité pendant de longues semaines, bloquant aux frontières les convois humanitaires et tirant, «par inadvertance», sur les journalistes trop curieux ou critiques. Une fois Bagdad prise, elles l’ont livrée aux pillards. Tout y a passé, musées comme hôpitaux, bibliothèques comme universités et ministères – sauf celui du Pétrole! Pour l’état major américain, soi-disant à court de troupes, la priorité était en effet ailleurs: mettre la main au plus vite sur les puits. Sur ses cartes, la Mésopotamie, ce berceau de l’écriture et de l’art, est à l’évidence uniquement signalée par des derricks. Les buts de la guerre se voyaient du coup confirmés: s’assurer un contrôle absolu sur l’or noir, dont le sous-sol de la région est si richement doté et dont la «civilisation» qui nous vient d’Amérique est si gourmande. Et, pour y parvenir, fractionner et diviser au besoin le pays, et toute la région, en suscitant et alimentant des querelles «tribales» ou religieuses.


Les Irakiens sont débarrassés de Saddam Hussein. Une grande majorité d’entre eux ne s’en plaindront pas. Ils sont soulagés. L’effondrement du régime met une fin provisoire aux bombardements si meurtriers de l’aviation états-unienne et britannique. La vie reprend petit à petit son «cours normal», nous dit-on dans la presse. Bel euphémisme: d’autres journalistes parlent de chaos et de désastres humanitaires indescriptibles. Mais surtout, la question principale que se pose maintenant le peuple irakien est:

Comment se débarrasser des occupants et de toute autre tutelle à leur service?

Pas dupes sur les objectifs véritables de l’occupation, la plupart des Irakiens se souviennent que le régime honni de Saddam Hussein avait été abondamment armé par l’Occident lorsqu’il les envoyait comme chair à canon contre le peuple frère d’Iran (tous les services secrets occidentaux et russes sont à la chasse de documents qui pourraient compromettre leur gouvernement, ou permettre de faire chanter un «allié» récalcitrant); qu’au lendemain de la guerre du Golfe, laissant derrière eux un pays exsangue, pollué, miné et détruit, les Etats-Unis avaient abandonné les Chiites et les Kurdes face à la répression de la Garde républicaine, après les avoir incité à la révolte; que l’embargo, maintenu de force par les USA sous étiquette onusienne malgré les rapports alarmants, a coûté près d’un million de morts, avec pour seul résultat d’appauvrir l’énorme majorité de la population et d’enrichir les barons du régime au marché noir. Tandis que, devant les caméras, les soldats yankees ouvrent les portes des prisons à Bagdad, leur Président les referme outre-Atlantique sur des centaines de leurs propres compatriotes dont le seul tort est de porter un nom d’origine arabe.

Il y a de quoi s’inquiéter!

Les Irakiens ont de quoi s’inquiéter quand, comme à Mossoul, les GI n’hésitent pas à ouvrir le feu sur la foule lorsqu’elle n’applaudit pas le gouverneur pro-étasunnien qui leur est destiné; quand leur «compatriote» Chalabi, escroc emmené dans les fourgons de Washington, évoque en termes vagues des «élections libres» dans deux ans. (A noter que le «futur général» suisse Keckeis a au moins le mérite de la franchise: se disant au bénéfice d’informations en provenance de services de renseignements étrangers, il parle, lui, de cent mille hommes de troupes étrangers pendant dix ans pour «stabiliser» l’Irak. cf La Liberté du 14.04.03).


Les peuples de la région, à commencer par le peuple syrien, ont de quoi s’inquiéter quand ils entendent Bush ressortir contre leur pays le même prétexte «officiel» qui avait servi de cache-sexe à l’offensive contre l’Irak, la prétendue détention d’armes de destruction massive: de fait, les inspecteurs de l’ONU n’y ont rien découvert de nouveau; les «preuves» servies par les coalisés se sont toutes avérées bidon et, depuis, les témoignages de scientifiques irakiens sont dits «décevants»… Les troupes étasuniennes cherchent encore la cache miracle. Ils la «trouveront»! Cette guerre ne sera sans doute pas la dernière.


Aux citoyens et citoyennes d’agir

  • Retrait immédiat des troupes d´occupation en Irak et dans la région!
  • Paix et liberté pour les Irakiennes et les Irakiens!
  • Non à la guerre, non aux guerres préventives!
  • Embargo total sur les livraisons d´armes aux fauteurs de guerre!
  • Annulation du G8!

NO WAR, PLUS QUE JAMAIS!
US GO HOME! L’IRAK AUX IRAKIENS!

Manifestation samedi 10 mai, 14h30
Zone piétonne du Mont-Blanc, Genève


Les peuples du monde entier, à commencer par ceux du Sud, ont de quoi s’inquiéter si, par malheur, le régime politique en vigueur dans leur pays vient à ne pas, ou ne plus, convenir à l’impérialisme étasunnien; ou si, en toute démocratie, ils ont l’audace de suivre une voie qui contrevienne à «ses intérêts».


Enfin, tous les citoyens et citoyennes du monde, celles et ceux qui sont épris de paix, de justice et pour qui le mot démocratie a encore un sens, ont de quoi se faire du souci à la veille du G8 d’Evian: on présente déjà la réunion de ce club autoproclamé des puissants comme un «sommet de la paix».

Mais, de quelle paix parle-t-on?

La main droite posée sur la Charte des Nations Unies, la plupart des gouvernements déclaraient il y a moins d’un mois qu’ils considéreraient toute intervention militaire comme illégale si elle n’avait pas l’aval du Conseil de sécurité. Bush, suivi par Blair, est passé outre, mais «nos» gouvernements se sont tus: pas de condamnations, encore moins de sanctions, à peine quelques «regrets», du bout des lèvres. Les Etats-Unis considèrent le monde entier comme leur province… tournons la page!


Détruit, l’Irak n’est plus qu’un fabuleux marché dont on se dispute les parts de la reconstruction! Quant au rôle «central» que devrait jouer l’ONU, les «Grands» se réservent d’en décider entre eux, à Evian! «Les Américains restent nos amis, cessons-là ces polémiques futiles», déclarait récemment le Ministre des affaires étrangères français Villepin. Le Président Couchepin, lui, semble n’avoir plus qu’un seul souci: dérouler un tapis rouge, à croix blanche, sous les pieds du criminel de guerre Bush…


Coalition contre la guerre – GE