Un triste 40e anniversaire

Il y a 40 ans, le 19 juillet 1979, les combattant·e·s du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) entraient à Managua, renversant l’une des plus vieilles dictatures latino-américaines. De 1936 à 1979, les Somoza (père et fils) avaient dominé le Nicaragua, contrôlant une partie significative de l’économie, au détriment d’autres fractions de la bourgeoisie.

Dora Maria Tellez et Daniel Ortega. Nicaragua, juillet 1979
León, Nicaragua, juillet 1979. Au micro: Dora María Téllez, historienne et ancienne cheffe de la guérilla. Derrière elle: Daniel Ortega.

 La victoire sandiniste intervenait dans un contexte marqué par la montée des mouvements populaires et des guérillas au Salvador et au Guatemala. Dès 1981, les États-Unis passèrent à la contre-offensive en Amérique centrale et plus particulièrement contre le Nicaragua.

« Certes, les années du sandinisme révolutionnaire (1979-1990) ne se déroulèrent pas sans erreurs ni excès, verticalistes et dirigistes notamment, qui aliénèrent une part significative du monde paysan, mais le projet du FSLN – autodétermination, alphabétisation, cultures populaires, théologie de la libération, féminisation, justice sociale, réforme agraire, socialisation des formes de propriété, de production et de commercialisation, etc. – a gardé fermes ses visées égalitaires. Et ce, en dépit de la guerre, dévastatrice, que les États-Unis de Ronald Reagan ont menée contre lui, jusqu’à obtenir la faillite économique du pays et la défaite des sandinistes dans les urnes en 1990 » (Bernard Duterme).

En février 1990, une majorité de la population nicaraguayenne donna ses suffrages à la candidate de l’opposition, Violeta Chamorro, à laquelle succédèrent en 1996 et 2001 deux politiciens libéraux (Arnoldo Alemán et Enrique Bolaños). Ce n’est qu’en 2007 que Daniel Ortega, éternel candidat du FSLN (dont il contrôlait l’appareil, après les départs de nombreux cadres de la période révolutionnaire), est revenu au pouvoir. Entre temps, il s’était réconcilié avec les ennemis du sandinisme d’antan: la hiérarchie de l’Eglise catholique et le patronat. Si, depuis 10 ans, son régime s’est présenté comme « chrétien, socialiste et solidaire », « le modèle économique qui prévaut correspond dans les grandes lignes aux politiques néolibérales appliquées par les trois administrations de droite qui l’ont précédé. (…) Un modèle de développement antédiluvien, prioritairement agroexportateur, extractiviste » (Bernard Duterme).

En 1979, la révolution sandiniste avait suscité de grands espoirs. Ce n’est hélas plus le cas aujourd’hui.

Hans-Peter Renk