Des papiers, pas des expulsions

«Je vis en Suisse depuis sept ans. Cela fait quatre ans que je vis sous le régime de l’aide d’urgence. Je n’ai aucun droit, alors que je suis prêt à travailler et à participer à la société suisse. Le gouvernement suisse veut nous renvoyer en Éthiopie. Un pays où j’ai été torturé. Un pays où une tentative de coup d’État a eu lieu le week-end dernier: dans la région d’Amhara, le président a été tué samedi par une attaque armée.»

E., 29 ans.

Manifestation en soutien aux refugiés, Fribourg. Photo: Eric Roset

Manifestation en soutien aux refugiés, Fribourg. Photo: Eric Roset

Plus de 400 personnes solidaires se sont rassemblées lors de la manifestation du 26 juin dernier à Fribourg, exigeant la fin du statut dégradant de l’aide d’urgence.

Dans ce canton, plus de 200 personnes exilées sont dans une situation de non-droit, leur permis de séjour leur ayant été refusé, alors que les renvois vers leur pays sont impossibles. Représentant moins d’un tiers de l’aide sociale et ne permettant pas de vivre dans des conditions dignes, l’aide d’urgence est une atteinte aux droits fondamentaux. Or certaines personnes exilées la subissent depuis plus de dix ans!

Poya Solidaire, collectif créé par des personnes requérantes d’asile déboutées vivant au foyer de la Poya, a initié la lutte. Soutenu par la Coordin’action Poya Solidaire et Droit de Rester Fribourg, ils demandent aux autorités fribourgeoises de résoudre ces situations: en régularisant les personnes à l’aide d’urgence de longue durée ; en s’engageant à ne pas exécuter les décisions d’expulsion; en leur permettant de travailler.

Sept mois après le dépôt d’une pétition signée par 2400 personnes, le Conseil d’État a répondu, érigeant le canton de Fribourg comme modèle national en matière de régularisation des «cas de rigueur». En réalité sa pratique est hyperrestrictive: moins de dix cas par an, le canton comptant des milliers de sans-papiers. Les autorités cantonales entendent continuer à appliquer une politique migratoire cynique et inhumaine. Son objectif est clairement de les pousser, dès le départ, à la clandestinité.

Poya Solidaire, Coordin’action Poya Solidaire, Droit de Rester Fribourg