Congé paternité

Congé paternité : Une première victoire et des combats à venir

Jeudi 20 juin, les premiers effets de la grève des femmes se sont matérialisés. Le Conseil des États, contre l’avis du Conseil fédéral, a accepté le principe d’un congé paternité de deux semaines pour l’ensemble des travailleurs de Suisse.

Un premier pas pour le congé paternité. Photo: Helene Samson

Un premier pas pour le congé paternité. Photo: Helene Samson

Alors qu’une majorité de droite et d’extrême droite continuait de s’opposer à l’idée même d’un tel congé, l’ampleur de la grève des femmes a clairement modifié le rapport de force. Six jours seulement après cette mobilisation historique, le Conseil des États a bien entendu refusé l’initiative qui prévoyait quatre semaines mais a accepté, contre toute attente, un contre-projet de deux semaines de congé paternité. L’immense mobilisation des femmes de ce pays a sans aucun doute pesé sur ces délibérations puisque l’introduction d’un congé parental égalitaire et obligatoire figurait en bonne position dans les revendications du collectif
de grève.

Vers un nouveau droit conquis

Ce congé paternité, s’il était confirmé par le Conseil national, devrait être accueilli comme une victoire. D’abord comme une victoire de la grève féministe. Mais ce congé paternité est également un nouveau droit qui s’ouvre pour les hommes en Suisse. Or, cela fait bien longtemps que les travailleur·euse·s de ce pays n’avaient pas obtenu une amélioration, aussi infime soit-elle, de leurs conditions de vie. À ce titre, le congé paternité devrait être salué comme la conquête d’un droit nouveau, arraché au patronat et qui ouvre de belles perspectives.

Ouvrir des luttes progressistes dans les cantons

Bien entendu, le contre-projet à l’initiative est bien loin du système qu’il faudrait mettre en place pour modifier durablement la répartition des tâches éducatives entre femmes et hommes. Les études et les diverses expériences dans le monde sont claires: pour réduire significativement le déséquilibre entre hommes et femmes dans la prise en charge des enfants, il faut introduire un congé parental d’une durée d’au minimum 6 mois, obligatoire et qui doit être partagé de manière égale entre les parents.

Cependant, même si les chambres fédérales choisissent le modèle d’un congé paternité très court, cette modification législative va ouvrir le droit pour les cantons de légiférer à ce sujet. Ainsi, à l’instar du congé maternité, les cantons pourront proposer des lois plus progressistes sans craindre une invalidation au Tribunal fédéral. Ainsi, nous devons d’ores et déjà travailler à la constitution de fronts larges dans les cantons afin d’être en mesure d’impulser ces luttes dans les mois à venir et de faire progresser l’égalité entre femmes et hommes. Une fissure apparaît dans la conception conservatrice et réactionnaire de la famille, engouffrons-nous!

Pablo Cruchon