Vers une alliance socialiste!

Vers une alliance socialiste!

Vous avez en main un numéro spécial – et abrégé – du journal solidaritéS, diffusé ce 1er Mai 2003 par quatre organisations romandes et alémaniques. En effet, depuis deux ans environ, solidaritéS Genève et Neuchâtel, Sozialistische Alternative/Solidarität de Bâle et le Collectif pour une Alliance Socialiste (CAS) du canton de Vaud ont créé un cadre commun de discussion et de collaboration, constitué une coordination nationale et organisé une série de forums de réflexion et de débat. Au-delà, nous travaillons au projet de construire une Alliance socialiste au niveau national!


Les racines de nos organisations sont différentes, mais nous avons en commun l’expérience des mouvements «solidaritéS», nés au début des années 90, successivement à Neuchâtel, à Genève, dans le canton de Vaud et à Bâle. Ils entendaient promouvoir une résistance au quotidien, tendue vers un projet d’émancipation radical, à un moment où la social-démocratie et une partie des verts cédaient de plus en plus aux sirènes néolibérales. Ce faisant, ils revendiquaient le caractère central des exigences démocratiques et féministes, alors que les systèmes politiques autoritaires et patriarcaux issus du stalinisme rendaient leur dernier souffle à l’Est.


Pendant plusieurs années, nous avons accumulé de riches expériences au plan local, sans pour autant que celles-ci ne se développent en un projet politique national. Cependant, notre volonté commune de développer des organisations pluralistes qui s’inscrivent dans le prolongement des résistances quotidiennes de celles et de ceux d’en bas, tentant de développer des propositions politiques d’ensemble, à moyen et long terme, a permis de nombreuses convergences.


Nous publions en commun le bimensuel de 24 pages solidaritéS, en français. Deux fois l’an, nous organisons ensemble des week-ends de réflexion et de débat ouverts: les «Forums Socialistes». Ceux-ci ont porté sur la situation internationale, l’écologie et la critique du productivisme capitaliste, les expériences européennes de construction d’organisations anticapitalistes, en Italie (Rifondazione Communista), en Ecosse (Partis socialiste écossais SSP), en France (Ligue Communiste Révolutionnaire) ou porteront – les 2 et 3 mai prochains – sur le féminisme comme dimension essentielle du socialisme que nous voulons.


Enfin, nous nous retrouvons régulièrement dans des coordinations pour décider d’orientations politiques nationales et préparer ensemble des campagnes politiques, comme actuellement contre le G8.


Cette expérience de débat et d’action commune, dans une période de reprise d’une opposition sociale large au capitalisme mondialisé, nous a convaincu de la possibilité de relancer la construction d’un projet politique national qui s’inspire des expériences de convergence de la gauche anticapitaliste européenne. C’est au développement d’une véritable Alliance Socialiste – en partant de nos expériences locales – que nous aspirons.


Alliance, parce que nous voulons rassembler et confronter des pratiques régionales et générationnelles très différentes. Socialiste, parce que nous pensons que cet horizon-là, enrichi par les critiques féministes, écologistes et libertaires, représente toujours un point de convergence incontournable pour l’ensemble des mouvements d’émancipation sociale… pourvu qu’il soit construit par en bas!


Loin des certitudes illusoires et des impasses sectaires des «avant-gardes» auto-proclamées, nous visons un processus ouvert. qui fasse dialoguer, se rapprocher et se fédérer dans la réflexion et l’action, des acteurs/trices qui ne partent pas des mêmes expériences de départ. La profondeur de nos révoltes et la radicalité de nos objectifs et de nos pratiques, sont les garants d’une identité commune. C’est sur cette base que nous souhaitons débattre et approfondir ensemble les éléments d’un programme commun.


L’Alliance socialiste doit être aussi un processus ouvert à des groupes et à des militants, femmes et hommes, qui n’appartiennent pas à nos organisations de départ, pour autant qu’ils/elles se battent contre le capitalisme et le patriarcat, ainsi que contre les pratiques sociales auxquelles ils conduisent. Ouvert aussi à de nouvelles perspectives et à de nouvelles exigences, qui interpellent le socialisme dont nous nous revendiquons et interrogent les moyens de lutte que nous entendons nous donner. Ouvert enfin à l’expression démocratique des oppositions, des doutes et des hésitations, sans laquelle, en fin de compte, aucune décision ne saurait engager valablement l’action collective.


Comité de rédaction