Pourquoi notre place est à la Pride?

Ce samedi 6 juillet 2019, aura lieu à Genève la traditionnelle Marche des fiertés romande. Organisée par les associations LGBT locales dans une ville romande différente chaque année, celle-ci revient à Genève pour la première fois depuis huit ans.

Pour nous, personnes queers, anticapitalistes et antiracistes, la Pride représente une forme de tension, autant au niveau politique que personnel. En effet, cette manifestation reste un des seuls moments de l’année militante où la visibilisation de nos identités est possible et encouragée. Dans un contexte d’homo et de transphobie, le fait de pouvoir exprimer collectivement une fabuleuse déviance à l’ordre hétéro­sexiste reste un moment d’une importance politique et personnelle indéniable.

Dans le cadre des Prides romandes, c’est aussi l’occasion de saluer le travail des associations LGBTIQ qui permettent de limiter quelque peu, souvent avec peu de ressources et beaucoup d’engagement bénévole, les effets délétères du climat hétérosexiste sur les membres de notre communauté. Avec l’obtention de l’adoption par le ou la conjointe, l’inscription de l’homophobie dans la norme antiraciste ou la lutte pour le mariage pour tou·te·s, elles font avancer les causes LGBTI sur le terrain du droit.

Mais malgré tout cela, il devient de plus en plus difficile, pour nous personnes queer, de voir que ces marches accueillent en leur sein des entreprises multinationales, les forces de l’ordre et d’autres acteurs participant directement à l’oppression de notre communauté. Plus les années passent, plus les revendications deviennent celles d’une intégration au système dominant et, de moins en moins, une volonté de changement radical de la société.

Néanmoins, et la grève des femmes nous l’a bien montré, l’égalité des droits formelle ne suffit pas tant qu’elle ne se transforme pas en égalité réelle. Elles étaient des centaines de milliers dans toute la Suisse justement pour obtenir cette égalité réelle, sur les lieux de travail, dans la rue et à la maison. Elles nous ont (ré)appris qu’en questionnant le sexisme, l’on finit par questionner la société dans son entier. Nous, queers, faisons l’hypothèse que l’hétérosexisme, par le biais de l’obligation sociale à l’hétéro­sexualité et son corollaire la binarité de genre, permet le maintien du système capitaliste.

En effet, les rôles de genre traditionnel « justifient » le travail gratuit de reproduction effectué par les femmes au sein de la famille. Dans ce sens, nous rejoignons les tenant·e·s de la théorie de la reproduction sociale. Combattre en faveur de l’émancipation des personnes LGBTIQ c’est également combattre le racisme, le sexisme et le système capitaliste dans son ensemble.

Dans cette optique, il est évident que nos organisations de gauche progressiste doivent participer activement au mouvement queer, comme nous participons aux mouvements féministes et aux mouvement antiraciste. Pas seulement pour y amener notre analyse, mais aussi pour participer aux démantèlement de la société capitaliste.

Groupe Queer de solidaritéS