Grève des femmes* / Grève féministe

Grève des femmes* / Grève féministe : Une année de mobilisation pour un avenir à conquérir

Grève des femmes / Grève féministe

En juin 2018, une centaine de femmes* se réunissaient à Lausanne pour lancer un an de mobilisation pour l’égalité dans les faits, initiant un processus historique à l’échelle du pays. Ce n’est pas inédit, le 14 juin 1991 reste un événement important pour l’avancée des revendications féministes. Le neuf, c’est l’organisation et la diffusion de cette nouvelle grève.

Depuis un an, des collectifs locaux naissent chaque mois ou chaque semaine aux quatre coins du pays. Des femmes*, jeunes et moins jeunes, salariées ou non, suisses ou non, mères ou sans enfants, se réunissent pour discuter collectivement des discriminations qu’elles affrontent au quotidien. Pour exprimer ces expériences multiples et complémentaires, il y a eu le Manifeste, en janvier. Il comporte dix-neuf revendications sur les conditions de travail, le rapport au corps, le droit à en disposer librement, les violences sexistes et machistes qui tuent, la représentation des femmes dans la sphère publique et d’autres domaines. Un Manifeste, comme synthèse dénonçant le caractère structurel des discriminations contre les femmes*. Un Manifeste comme base de travail, comme horizon vers une société plus juste pour tou-te-s*.

À l’image des femmes* les faisant vivre, les collectifs de grève sont différents. Des espaces de réflexion collective, de débat, de partage d’expériences, de solidarité, de sororité et d’action. Le lieu d’une première expérience politique pour nombre de femmes*.

La construction de la grève marque le début d’un long processus vers une émancipation de tou·te·s*. Lieux de politisation et de prise de conscience des inégalités subies, les collectifs sont surtout des lieux pour créer un nouveau rapport de force. Les actions dans tout le pays pour visibiliser et annoncer la grève ont eu un écho croissant au fil des mois.

Pour délégitimer la grève, médias et patronat ont cherché d’abord à décrédibiliser le travail des collectifs. Mais peu à peu ils ont été pris en considération par ceux-ci, comme par les autorités et les élu·e·s, avec des différences par région. L’occupation de l’espace médiatique par les collectifs, comme l’attention croissante conquise au plan politique, montrent la force de l’action collective et une capacité de mobilisation et de construction inédite pour un mouvement si récent. Ainsi, la grève des femmes*/grève féministe est déjà un succès.

Le 14 juin 2019 entrera dans l’histoire non comme une fin, mais comme le début d’une lutte qui ne s’éteindra pas tant que ce système inégalitaire et injuste ne cédera pas place à une nouvelle organisation sociale. À l’avenir, les combats à mener seront nombreux: par exemple, AVS 21 ou encore la RFFA, qui pénalisera d’abord les femmes.

Pas question de s’endormir. Cette année de grève aura permis de créer un front de résistance solidaire, à faire vivre, en s’organisant localement, mais aussi au plan international, pour lutter contre un capitalisme patriarcal mondialisé toujours plus féroce contre les femmes et les plus précaires.

Le féminisme doit être une lutte pour les 99% contre les 1% et il doit être anticapitaliste et antiraciste. Ce n’est pas une lutte à part. L’assujettissement de la moitié de la population ne peut être dissocié d’un système de domination et d’oppression, se perpétuant grâce à des discriminations multiples. D’où une présence nécessaire constante des militantes féministes sur le terrain, car ce n’est qu’en s’opposant systématiquement à ces discriminations que les lignes bougeront. Cette grève entrouvre une brèche dans le système et offre une part d’espoir inédite. Elle a permis de créer un espace commun pour des femmes très différentes. Ainsi, le 14 juin de nombreuses femmes* uniront leurs voix contre les discriminations, lèveront le poing ou croiseront les bras ensemble, contre le capitalisme et le patriarcat elles montreront que si les femmes* s’arrêtent, tout s’arrête!

Noémie Rentsch Donna Gollaz

* Toute personne n’étant pas un homme cisgenre (se reconnaissant dans le genre qui lui a éte assigné en naissant).