«Le labyrinthe catalan»

«Le labyrinthe catalan» : CATALOGNE LIBRE

Le livre de Benoît Pellistrandi revient sur la crise catalane et montre que, derrière les enjeux apparement simples du droit à l’audétermination, se cache une lutte politique complexe et souvent ambiguë.

Manifestation à l’occasion de l’anniversaire du référendum en Catalogne, Barcelone, octobre 2018
Photo: Xavi Ariza / Fotomovimiento

La nouvelle crise ouverte en Catalogne par la tenue d’un référendum indépendantiste et par la déclaration unilatérale d’indépendance en octobre 2017 peut sembler simple à comprendre: une volonté de liberté et d’indépendance légitime face à un gouvernement centralisateur et conservateur, incarné par un parti tout–puissant (PP).

Mais à mieux y regarder, l’histoire de la Catalogne et de ses relations avec l’État espagnol nous montre une très grande complexité de situations et de confrontations. Le nationalisme catalan a été porté par une grande variété de forces politiques, aussi bien conservatrices (lors des guerres carlistes au XIXe siècle) que bourgeoises libérales ou socialistes. La crise catalane est le résultat d’opérations politiques qui ont profondément modelé son projet nationaliste et continuent de le faire.

La consultation populaire organisée par l’Assemblée nationale catalane le 9 novembre 2014, posait deux questions au corps électoral: « Voulez-vous que la Catalogne soit un État » et « Si oui voulez-vous que cet État soit indépendant ». Pourquoi deux votes? Et sur quel type d’État? Quelle définition de l’indépendance? Politique, et économique? Les ambiguités restent bel et bien nombreuses.

L’auteur rappelle également que l’histoire de la Catalogne ne peut se séparer du développement social et économique du reste de la péninsule ibérique. Le développement inégal et combiné de l’agriculture et de l’industrialisation a créé une forte immigration interne en provenance des régions pauvres de l’État espagnol. Au 20e siècle, ces processus ont suscité de nouvelles ambitions de la part des nouvelles forces bourgeoises conquérantes, en particulier en Catalogne. L’émergence d’un nouveau prolétariat urbain a, dans le même temps, provoqué de nombreux conflits sociaux, et de nouvelles formes d’organisations ouvrières et paysannes sont apparues pour exiger des droits et des libertés sociales. Les drapeaux rouges et noirs étaient alors plus nombreux que les flammes nationalistes, indiquant qu’un autre projet d’émancipation et d’espoir reste possible.

José Sanchez