Stop au massacre du peuple Peul

Le 27 avril, une centaine de personnes se sont rassemblées sur la place des Nations à Genève pour dénoncer les massacres perpétrés contre les Peuls, peuple minoritaire présent dans plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest (Mali, Burkina, Niger et Guinée notamment).

Enfants PeulsEnfants Peuls. Photo: Guillaume-Colin-& Pauline-Penot

Notre rédaction s’est entretenue avec des membres du collectif genevois qui se mobilise en lien avec l’Observatoire Kisal, actif dans la défense des communautés d’origine nomade au Sahel et Sahara.

En quelques mots, quelle est la situation actuelle du peuple Peul?

L’un des plus grands défis auquel les Peuls font face aujourd’hui, c’est la difficulté de pratiquer leur mode de vie ancestral: l’élevage transhumant. Pourtant, dans des pays comme le Burkina Faso et le Mali, l’élevage, dont les Peuls sont les principaux acteurs et actrices, est la 4e source de richesse nationale. À cela s’ajoutent les exactions commises par des groupes armés et des agents des États où ils vivent, notamment au Sahel.

Comment expliquer cette recrudescence des massacres contre les Peuls ces derniers mois? Les Peuls, qui n’ont pas obtenu justice dans leurs querelles dans le cadre de conflits entre agriculteurs·trices et éleveurs·euses, paient aujourd’hui un lourd tribut à la « lutte contre le terrorisme » dans le Sahel. Les appels des djihadistes à destination de cette communauté ont créé un amalgame, accréditant pour l’opinion publique l’idée malheureuse que les Peuls seraient des avatars du terrorisme. Ils·elles sont ainsi devenus les cibles faciles d’arrestations arbitraires en masse, de tueries, d’intimidations et d’atteintes aux droits humains.

Quel rôle jouent les gouvernements face à ces massacres? Leur rôle est très ambigu. Ils brillent par leur absence de volonté à rétablir la justice et à s’interposer pour protéger les civils. Et en même temps, par les exactions d’agents des forces de sécurité et les arrestations arbitraires, les États deviennent des bourreaux des communautés peules au même titre que les groupes armés qui les terrorisent au nom de la « guerre contre le terrorisme » eux aussi.

Quelles sont vos revendications par rapport au rôle de la Suisse? La Suisse est très engagée dans la lutte contre l’extrémisme violent. Pour nous, les extrémismes ethniques devraient être inclus dans cette appellation et la parole des victimes doit être prise en compte, hors de l’obsession globale pour le djihadisme. De plus, la Suisse a un devoir de dénonciation et devrait interpeller les gouvernements reconnus coupables de violations des droits humains. L’ONU devrait également intervenir!

Propos recueillis par la rédaction