Ni un degré de plus, ni une espèce en moins!

Devant l’inertie, l’incompétence et l’irresponsabilité des gouvernements face à l’urgence climatique et environnementale, les étudiant·e·s ont élargi leurs actions en organisant des mobilisations ce vendredi 15 mars.


Grève pour le climat, Lausanne, 15 mars 2019 -Sandrine Gutierrez Grise

Le 15 mars restera gravé dans l’histoire non seulement comme la première grève internationale pour le climat, mais aussi pour l’ampleur des mobilisations qui ont eu lieu partout dans le monde. Dans de nombreux pays, les jeunes ont refusé de se rendre à leurs cours du vendredi sur un mot d’ordre simple: à quoi bon faire des études si c’est pour vivre dans un monde détruit?

Des milliers de jeunes dans les rues de Suisse

En Suisse, après le succès des mobilisations du 19 janvier et du 2 février, la crainte d’une baisse d’affluence s’est révélée sans fondement. Au contraire, les manifestations se sont étendues dans tout le pays avec une participation accrue. À Lausanne où les grévistes étaient près de 15 000, deux actions de désobéissance civile ont eu lieu, contre le Crédit Suisse et contre les Retraites Populaires. Cette dernière visait à réclamer que cette institution de droit public exclue les investissements dans les énergies fossiles.

À Genève, la mobilisation a connu une croissance impressionnante avec environ 10 000 participant·e·s et une mobilisation nouvelle des étudiant·e·s de l’Université. À Fribourg, ce sont près de 2500 jeunes qui ont défilé, malgré une tolérance zéro scandaleusement annoncée par le gouvernement et appliquée par certains établissements scolaires en particulier à l’encontre des plus jeunes. En Valais, la manifestation a purement et simplement été interdite durant les heures de cours.

Un autre aspect positif est l’élargissement du soutien d’autres secteurs avec, par exemple, le monde scientifique, dont 23 000 représentant·e·s ont signé cette semaine un texte qualifiant les demandes du mouvement de «fondées et légitimes». Le mouvement féministe s’est également positionné en faveur de la mobilisation et le milieu syndical genevois a appelé à rejoindre la manif. Parmi les étudiant·e·s, il y a eu la volonté d’aller à la rencontre du milieu salarial et ouvrier et quelques actions dans cet esprit ont eu lieu dans la matinée du 15 mars.

Le succès de cette 3e mobilisation pour le climat met en exergue une organisation bien rodée et d’une grande efficacité: coordination nationale, coordinations cantonales et multiples groupes de travail. On observe aussi une bonne maîtrise des moyens de communication et une rapidité à mobiliser. Les débats, les informations et les contacts perdurent au-delà des manifestations dans les espaces numériques, contribuant à créer un sentiment d’appartenance parmi ceux·celles que les journalises nomment déjà la «génération climat».

Un succès mondial

La réussite est tout aussi éclatante à l’international: 1769 villes de 112 pays ont participé au mouvement, notamment à Nairobi, Varsovie, Cape Town, New Delhi, Milan, Bangkok, Hong Kong, Paris, Sydney, Montréal (150 000 manifestant·e·s), pour un total d’environ 1,5 million de grévistes! Même si le nombre de manifestant·e·s était très différent selon les pays, la journée a été vécue comme une victoire. De plus, de nombreux pays du Sud ont connu une mobilisation, qui se déroulait jusqu’ici principalement dans les pays du Nord.

Les pancartes anticapitalistes, contre la globalisation, les multinationales et les banques, ont fleuri et fait écho aux paroles de Greta Thunberg: «Il y a bel et bien des responsables. Quelques entreprises, quelques décideurs, qui savent très bien quelles valeurs inestimables ils sacrifient pour accumuler plus d’argent. » En pointant du doigt les structures du pouvoir, elle fournit un puissant levier de mobilisation aux militant·e·s. A quoi bon aller à l’école si les décideurs·euses ignorent ce que disent les scientifiques?

Puissance du mouvement et convergence des luttes

Nous sommes seulement au début d’un mouvement qui pourra connaître des hauts et de bas. Toutefois, pour la grande majorité des jeunes qui se sont mobilisés, la conscience que ce système capitaliste ne peut pas offrir de solution au changement climatique est indéniable. Les mobilisations vont s’amplifier et il est certain que les classes dirigeantes et leurs partis se lanceront prochainement dans une répression forte envers un mouvement aussi ouvertement hostile à leur politique.

Nous devons continuer à nous mobiliser lors de ces grands rendez–vous, tout en multipliant les actions de désobéissance civile et en diversifiant les modes d’action. Une confluence est nécessaire avec les autres grands mouvements antisystème comme le féminisme. Le 14 juin devra être un moment de convergence des luttes!

Juan Tortosa Florian Martenot