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USA : Trump avance vers un gouvernement autoritaire

Contre une «invasion criminelle» imaginaire, Trump a exigé 5 milliards pour édifier un mur de 3200 km à la frontière mexicaine. Ce 15 février, il a décrété un état d’urgence national pour contourner le Congrès ayant voté pour lui allouer seulement 1,4 milliard.


Don Barrett

Cet acte de Trump induit une crise constitutionnelle aux USA. C’est un pas de plus vers un gouvernement autoritaire. L’état d’urgence lui permet d’allouer des crédits comme il l’entend et lui concède des pouvoirs étendus: fermer les communications électroniques, geler les comptes bancaires, déployer des troupes pour réprimer des troubles intérieurs, bref un pouvoir quasi-dictatorial.

Au Sud rien de nouveau

Alors que de hordes envahisseuses, il n’y en a pas. Les rapports du gouvernement US montrent que l’immigration à la frontière sud n’est pas une urgence nationale. Le nombre de migrant·e·s illégaux a baissé significativement depuis 2007 et il y a environ un million de sans-papiers en moins aux USA que par le passé. Enfin, la plupart des immigré·e·s ont un taux de criminalité plus bas que la population US dans son ensemble.

En n’opposant pas son veto à la loi de financement bipartisane lui octroyant les 1,4 milliard, Trump a éludé un nouveau bras-de-fer avec le Congrès qui aurait pu mener à des arrêts de travail d’employé·e·s gouvernementaux et d’autres salarié·e·s. Sara Nelson, présidente d’un syndicat du personnel de cabine déclarait à la direction de la centrale AFL-CIO: «Allez parler avec vos sections locales et avec les syndicats internationaux pour que les travailleurs·euses s’unissent pour une grève générale qui bloque le shutdown». Et c’est possible. La dernière grève s’est terminée quand les travailleurs·euses de l’Aéroport LaGuardia ont commencé à quitter le travail, menaçant des shutdowns en cascade dans tout le pays. Trump a donc préféré l’état d’urgence au veto.

Depuis 1976, les présidents US ont le droit d’invoquer l’urgence nationale et l’ont fait 59 fois, le plus souvent depuis 1990, mais surtout face à des désastres nationaux reconnus: inondations ou problèmes de santé publique, comme la grippe porcine. Un certain nombre de cas furent nénamoins en lien avec la politique internationale. Aucun président jusqu’ici n’a utilisé l’urgence nationale pour contourner le contrôle du Congrès sur les cordons de la bourse, soit sur les impôts et les dépenses. Aucun d’eux ne l’a fait en alléguant une «urgence» que la plupart des gens ne voient pas.

L’urgence c’est la résistance nationale

Avant que Trump ne proclame que son mur était une urgence nationale, les leaders républicains et démocrates ont exprimé leur opposition. Mais quand le Congrès a passé la loi de financement et que Trump a annoncé qu’il allait déclarer l’état d’urgence, Mitch McConnell, chef de la majorité républicaine du Sénat, a annoncé soutenir l’action du président. Les démocrates et quelques républicains se sont engagés à résister, par des résolutions et en menaçant d’actions en justice, bien qu’ils aient déjà sapé leur propre cause en votant la loi bipartisane des 1,4 milliard. Les spécialistes du droit pensent improbable que Trump puisse être arrêté par les tribunaux.

Nous autres socialistes, déjà engagés dans nombre de luttes contre l’administration Trump, avons la responsabilité d’organiser un mouvement national de protestation contre ce pas dangereux vers un gouvernement autoritaire. Il y a bien une urgence nationale à affronter: c’est la menace de Trump pour la démocratie.

Dan La Botz