Le vol de la taxe

La rapide croissance du trafic aérien ces 15 dernières années (+ 87%) a été délibérément provoquée par les intérêts convergents de plusieurs secteurs économiques.

Reflétant l’évolution du trafic aérien, l’industrie aéronautique, les compagnies aériennes et les secteurs de nouveaux services (sociétés de location d’avions ou de maintenance) sont passés vers des marchés de masse. De leur côté, les aéroports se sont transformés en gigantesques supermarchés.

Ces secteurs n’ont pas surgi «naturellement», par la force des choses. Ils ont été développés selon des objectifs de croissance et de profit par des sociétés d’investissement utilisant des capitaux toujours plus nombreux.

Un choix politique

Pour favoriser la croissance du secteur et participer à la course au profit, les autorités politiques ont introduit une série de facilités. Selon le WWF, «les compagnies aériennes ne versent aucune taxe sur les hydrocarbures pour le kérosène, et les passagers ne s’acquittent d’aucune taxe sur la valeur ajoutée. En outre, les aéroports ont la plupart du temps été construits grâce à des prêts publics gratuits ou peu onéreux».

Le développement du tourisme de masse, source de nouveaux profits dans l’hôtellerie et la restauration, a été l’une des conséquences du soutien politique au trafic aérien. En même temps, les liaisons ferroviaires longue distance se voyaient supprimées par des compagnies nationales en pleine restructuration.

Indiscutablement, la pollution aérienne et sa participation à la production de gaz à effets de serre (environ 5% au niveau mondial) doivent être combattues immédiatement. Elles favorisent en outre un tourisme de masse dévastateur pour l’environnement, une pollution sonore intense, l’extension aberrante des aéroports et des autoroutes, et la concurrence déloyale vis-à-vis du train, dont la pollution est 30 fois inférieure à celle d’un avion par kilomètre parcouru.

Taxer les responsables

Pour réduire les nuisances du trafic aérien, faut-il dès lors introduire de nouvelles taxes, notamment sur l’achat de billets? Pour avoir un effet dissuasif, cette taxe devrait être très élevée, avec toutefois comme risque, toujours, d’épargner les plus riches, qui sont pourtant celles et ceux qui voyagent et ainsi consomment le plus. On peut aussi relever qu’un tel mécanisme de sanction déplace la responsabilité sur les consommateurs·trices et reste prisonnier d’une conception marchande: rendre plus cher ce qui est nocif.

C’est un mécanisme de limitation ciblé, voire d’interdiction que nous devrions appliquer. Et c’est en premier lieu aux responsables de répondre aux aberrations actuelles. Les compagnies et les services logistiques doivent payer pleinement les taxes qui leur sont appliquées et ne bénéficier d’aucun avantage fiscal!

José Sanchez