Répression des Gilets jaunes

La Suisse fournit le matériel


gillcolomb

En juin 2018, le Conseil fédéral a décidé de permettre des ventes d’armes dans des pays en conflit interne «s’il n’y a aucune raison de penser que ce matériel sera utilisé dans ce conflit». Devant le tollé suscité par cette proposition, il a dû reculer. Le 11 décembre, l’initiative «Contre l’exportation d’armes dans les pays en guerre civile» a tout de même été lancée. En Suisse, la question de l’exportation d’armes fait l’objet de débats depuis des décennies: canons Bührle livrés au Nigéria durant la guerre du Biafra, utilisation militaire des hélicoptères «civils» Pilatus en Amérique centrale et contre les zapatistes au Mexique, etc. Les exemples sont nombreux, mais ils se résumaient jusqu’ici aux pays du Sud.

La France est secouée depuis des mois par le mouvement des Gilets jaunes. Le matériel utilisé par la police – grenades explosives, lanceurs de balles de défense (LBD 40) – cause de graves blessures (mains déchiquetées, yeux arrachés, mâchoires et crânes fracturés), voire la mort (une femme à Marseille). Or, depuis 2007, la police française se fournit en LBD 40 auprès de l’entreprise Brügger & Thomet à Thoune. L’année passée, Brügger & Thomet avait été condamné pour avoir livré à la Nouvelle–Zélande des LBD, qui ont finalement été revendus au Kazakhstan (Le Temps, 19.1.2019).

L’entreprise pourra-t-elle répondre à l’appel d’offres de l’État français: 1280 LBD 40, soit une manne de 1,6 million de francs? «Un contrat intéressant pour la branche», affirme froidement le PDG Karl Brügger.

Hans-Peter Renk