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A voir : Kokoschka, oeuvre-vie

Plusieurs fois primé en Suisse et à l’étranger, le film Kokoschka, œuvre-vie de Michel Rodde sera projeté en présence du réalisateur le 13 février à 18 h à la Cinémathèque de Lausanne. Rencontre avec le réalisateur.

Pourquoi avez-vous choisi de faire un film sur Kokoschka?

Peintre, écrivain, amoureux, dramaturge, voyageur, et libre-penseur, Oskar Kokoschka est un être rare, demeuré jeune, lucide et passionné à travers de multiples épreuves, sa longue vie durant. Pour moi, chacune des toiles de ce peintre qui a quasi traversé le 20e siècle est un manifeste en faveur de la liberté et de l’espérance, un message de beauté douloureuse et de fraternité, une célébration de la vie. À la fois classique et moderne, l’œuvre picturale d’Oskar Kokoschka (1886 – 1980) reste d’avant-garde, et son actualité nous concerne et nous alerte de façon brûlante. Cet homme et son œuvre sont une ode à la jeunesse, un exemple.

S’agit-il d’un documentaire?

Réaliser un documentaire classique n’était pas mon but. J’ai voulu créer un film qui soit une véritable plongée dans l’univers du peintre, dans son œuvre, sa vie. Sans intermédiaires. Avec un effet de live. La musique, qui a joué un rôle essentiel dans la vie de Kokoschka, structure fortement le récit. Mon film est une vision personnelle du chemin mouvementé d’un homme exemplaire confronté à son œuvre dans un siècle sanglant. Les fictions qui se glissent dans le flux du film donnent à celui-ci, sa dimension émotionnelle. Nul exposé savant, aucun commentaire de connaisseurs·euses, aucune intervention externe ne viennent briser le fil de la narration, ou n’en perturbent le rythme. Le film propose une immersion totale dans l’univers de l’artiste.

Qu’apporte votre film à l’œuvre de ce peintre?

Aux spectateurs et spectatrices d’en juger! Mais, pour moi, la vie de Kokoschka se mêle à sa vie artistique et sociale de citoyen engagé de façon si intime que l’œuvre ne serait pas complète si la vie qui l’alimente n’était pas mise en lumière. Le film est le lieu privilégié qui nous permet d’en faire la synthèse ; c’est là son pouvoir. C’est en fait la principale vertu que peut nous offrir le cinéma. Grâce à des images et des sons, grâce à un continuum de 90 minutes, tous ces flashs, ces détours, ces variations de style, ces changements de direction, ces accidents de parcours sous influence de l’Histoire, se mêlant à la souffrance et aux joies intimes, constituent in fine une peinture unique.

Propos recueillis pour solidaritéS par Marianne Ebel