États-Unis

Angela Davis – Quelle injustice?

Quelle injustice?

En septembre 2018, le Birmingham Civil Rights Institute (BCRI) décidait d’octroyer le Fred L. Shuttlesworth Award à Angela Davis. Ce prix annuel récompense des personnes s’engageant pour les droits humains et civiques. Début janvier, le BCRI a révoqué sa décision après avoir reçu un courrier du Birmingham Holocaust Education Center (BHEC), qui dénonçait le soutien de Davis à la cause palestinienne, notamment à travers le mouvement Boycott Désinvestissement Sanctions (BDS).

Dans sa lettre, le BHEC argumente que BDS «ferme les yeux sur les graves violations des droits humains commises par d’autres pays» qu’Israël et «cible la population juive de manière excessive». Le BCRI en a conclu que Davis ne répondait plus aux critères du prix. Depuis, trois membres de sa présidence ont démissionné et Davis a reçu un large soutien, dont celui de 350 universitaires qui ont signé une pétition chapeautée par l’association Jewish Voice for Peace.

Dans sa réponse, Davis a relevé que la décision s’attaquait à l’idée d’«indivisibilité de la justice», qui affirme que les causes et les luttes ne peuvent être dissociées, qu’on ne peut octroyer des droits à certain·e·s tout en les refusant à d’autres. Elle a dénoncé la confusion entre la critique du gouvernement israélien ainsi que la solidarité avec le peuple palestinien, et l’antisémitisme: critiquer un gouvernement n’équivaut pas à critiquer une population, comme critiquer Trump ne signifie pas critiquer les citoyen·ne·s des États-Unis. Avec les mots de Martin Luther King, elle a rappelé qu’«une injustice, où qu’elle se produise, est une menace pour la justice partout».

Ursula Rouge