Andalousie

Andalousie : #NiUnPasoAtras - La mobilisation féministe ne faiblit pas

La mobilisation féministe ne faiblit pas

La grève féministe du 8 mars 2018 a marqué un renouveau historique des mobilisations féministes dans l’État espagnol. Julia Cámara, militante d’Anticapitalistas et membre de la coordination du 8 mars, a répondu à nos questions.


Manifestation contre la menace de l’extrême droite pour les droits des femmes, 15 janvier 2018.

Dès les premières semaines de l’année, les mobilisations féministes ont repris avec force. Quelles sont vos revendications?

Le début de l’année a été marqué par de nouvelles violences: plusieurs cas de viols collectifs et d’agressions sexuelles pendant le Nouvel An ont été rendus publics ; nous avons appris l’assassinat et l’agression de plusieurs femmes pendant la première semaine de l’année. Les bases de l’accord gouvernemental andalou sont profondément racistes, misogynes et dirigées contre les personnes LGBTI: le parti d’ultradroite veut en finir avec «le féminisme suprémaciste» et demande de déroger aux lois contre les violences machistes et de protection des personnes LGBTI, d’interdire l’avortement et d’utiliser des moyens extrêmement durs contre les personnes migrantes.

C’est dans ce contexte que l’accord entre les partis de droite andalous PP, Vox et Ciudadanos a soulevé une forte mobilisation. Nous sommes sorties dans la rue pour montrer que les féministes sont des millions et que nous refuserons tout pas en arrière sur nos droits et l’égalité.

Les contradictions entre la progression de l’extrême droite Vox en Andalousie, le processus indépendantiste catalan et le gouvernement socialiste (PSOE) aboutissent à une situation compliquée. Quels sont les opportunités et les risques pour le mouvement féministe?

La situation est effectivement complexe. Ces derniers mois, le PSOE a tenté d’apparaître comme un gouvernement amical, allié du mouvement féministe, et qui reconnaît nos demandes en essayant de les intégrer dans le cadre juridique existant. Il y a donc un risque de cooptation du mouvement par le gouvernement et sa ligne, mais les gestes du gouvernement restent symboliques et partiels. Il ne parvient pas à répondre aux urgences et adopte des politiques répressives, comme la censure et la persécution en Catalogne, et des coupes sociales.

L’accord des droites andalouses a provoqué un important regain de la mobilisation. Le mouvement des femmes a démontré qu’elles sont la seule force sociale qui dispose des outils et de la cohérence nécessaires pour apporter une réponse antifasciste aux attaques contre les droits sociaux et les libertés démocratiques. Le mouvement féministe est pour le moment le fer de lance de la démocratie et les fascistes l’ont bien compris quand ils et elles dénoncent «l’idéologie du genre» et nous identifient comme leur principal ennemi. Dans cette situation, la grève féministe du 8 mars 2019 ne sera pas seulement une mobilisation pour nos corps et nos vies, elle sera plus globale: elle sera pour les droits, pour les libertés et contre les politiques qui condamnent nos vies à la misère!

Propos recueillis et traduits par Dimitri Paratte
Coupes de la rédaction.