RFFA

RFFA : Facile victoire bourgeoise

La gauche s’est montrée incapable de lancer le référendum contre l’arnaque fiscale votée par le Grand Conseil. Elle empêche ainsi l’expression du mécontentement populaire et offre à la droite la victoire sur un plateau.

Le 13 décembre 2018, la droite a réussi une belle opération. Non seulement elle a fait passer sa contre-réforme fiscale sans la moindre modification, mais elle a pu convaincre des secteurs entiers de la gauche de renoncer au combat.

Gabegie dans la gauche traditionnelle

Les interventions peu décidées des parlementaires de la gauche plurielle n’inspiraient certes pas confiance. Mais les prises de position des comités du Parti socialiste (PS), des Verts et du Parti chrétien-social (PCS) sont le signe d’une véritable capitulation. Le comité des Verts est le premier à s’opposer au lancement du référendum, car «la réforme cantonale tombera d’elle-même si la RFFA fédérale est rejetée». Tardivement, une assemblée désavoue le comité et appelle de justesse à soutenir le référendum. Le Centre Gauche-PCS estime que Fribourg est «obligé de s’aligner sur les taux des autres cantons». Apparemment, ils n’ont pas remarqué que le grand voisin bernois vient de rejeter une diminution beaucoup plus modeste de l’impôt sur le bénéfice. Quant au PS, il a cherché d’emblée à saboter le référendum en faisant traîner les choses. Il n’a pris de position claire ni le 20 décembre 2018 lors du comité unitaire, ni le 9 janvier 2019 à son comité directeur, ni même lors de l’assemblée des membres.

Le SSP à la remorque du PS

Les syndicats sont davantage ancrés dans les milieux populaires et se sont prononcés dès le 20 décembre 2018 en faveur du référendum. Avec de sérieuses limites toutefois. Unia et Syna ont indiqué qu’ils ne seraient pas des locomotives, car ils sont lessivés par le référendum contre l’ouverture prolongée des magasins. Syndicom a confirmé son modeste soutien.

Malheureusement, le Syndicat des services publics (SSP) a grandement facilité le jeu du PS en déclarant ne soutenir le référendum qu’à condition que les socialistes y participent. SSP qui n’avait d’ailleurs, dans ses quatre éditions 2018 des Infos syndicales (bulletin régional), pas consacré une ligne à la réforme fiscale en cours.

Dans les mois qui viennent, solidaritéS mettra une grande énergie dans la campagne contre le volet fédéral de la réforme (RFFA). Mais il s’agira aussi de prendre note de la faillite de la gauche traditionnelle et de renforcer les discussions sur la nécessité d’une autre gauche dans le canton.

Pierre-André Charrière