Bush veut imposer au monde la liberté... de se taire

Bush veut imposer au monde la liberté… de se taire

Dans la nuit du 19 au 20 mars, les forces étasuniennes et britanniques ont lancé leur nouvelle offensive impérialiste contre le peuple irakien. Ce devait être, aux dires de la plus grande puissance militaire mondiale, une guerre éclair. Depuis, alors que le conflit s’enlise et que nul ne peut en prévoir la durée, nous assistons au retour du règne primitif de la force et de la brutalité coloniales. Les technologies du XXIe siècle sont ainsi mises au service de desseins du XIXe siècle.


L’administration étasunienne annonçait une guerre propre, avec des attaques précises, ciblées contre des objectifs militaires et stratégiques. Par ailleurs, on devait, aux dires des fins stratèges militaires, s’attendre à des redditions massives de soldats irakiens, dès l’arrivée des «forces libératrices».


Aux premières heures du conflit, la manipulation médiatique se mettait en marche. Ainsi, les images de blindés avançant sans entraves dans le désert devaient conforter l’idée d’une guerre facile, sans brutalité. Celles montrant des colonnes de soldats irakiens, aux mains de marines, devaient illustrer la faible résistance d’une population reconnaissante.


Pourtant, les images d’autres prisonniers, étasuniens cette fois, comme celles des premières victimes civiles et de maisons détruites, ont fait tomber le voile des mensonges de l’administration US. Cette guerre est comme toutes les autres, avec son cortège d’horreurs.


Si les Etats-Unis se sont engagés à «libérer l’Irak», c’est parce que Saddam Hussein serait une menace pour l’Humanité. Or, à voir la politique arrogante et unilatérale de George W. Bush, ce sont aujourd’hui les USA qui apparaissent comme le principal péril auquel nous devons faire face. Au nom de la démocratie pour les riches seulement, Washington est en train d’instaurer sa dictature sur les pauvres du monde (y compris ceux des Etats-Unis).


Il n’y a finalement qu’une différence essentielle entre Saddam Hussein et George W. Bush. L’un exerce un pouvoir dictatorial sur son pays, l’autre veut imposer celle de ses multinationales sur le monde.


Dans ce conflit qui oppose les USA et l’Irak, il a été dit que le régime de Bagdad détiendrait des armes de destructions massives. Ce qui est sûr, c’est que les Etats-Unis en possèdent, eux, et qu’ils n’ont pas hésité (et n’hésitent pas) à en faire usage.


Evoquant les puits de pétrole en feu dans le sud de l’Irak, Donald Rumsfeld a déclaré que c’était «un crime pour ce régime de détruire les richesses du peuple irakien». Il est étonnant de voir comment, soudainement, les Etats-Unis, qui n’ont de cesse de piller et de détruire les richesses des peuples du monde entier, se soucient de celles des Irakiens! Il est vrai qu’il s’agit de pétrole…


De même, les Etats-Unis ont été les premiers, durant la première guerre du Golfe, à dénoncer l’usage par Saddam Hussein de la population civile comme autant de boucliers humains. Or, aujourd’hui, avec sa «stratégie d’évitement», l’armée étasunienne assiège les villes, prenant la population civile en otage. Depuis vendredi, soit à peine deux jours après l’invasion de l’Irak, Bassora sous les bombes s’est retrouvée sans électricité ni eau potable, mettant les deux millions d’habitants de la deuxième ville d’Irak dans une situation sanitaire alarmante. Sans doute est-ce le prix à payer pour n’avoir pas accueilli à bras ouverts les colons étasuniens et britanniques, en marche vers Bagdad…


L’arrogance des projets impérialistes de George W. Bush, menés dans le mépris total du droit international, a soulevé une vague de contestation mondiale sans précédent. Si les millions de manifestantes et de manifestants qui, depuis des semaines, descendent sans relâche dans la rue pour s’opposer à cette guerre coloniale n’ont pas pu empêcher l’agression, ils contribuent néanmoins à mettre les USA et la Grande-Bretagne sous la pression d’une opinion publique de moins en moins passive.


A l’heure où la population irakienne est assiégée, bombardée et humiliée, où les délires militaristes britannico-étasuniens sont financés au prix d’un démantèlement social croissant, cette pression doit se poursuivre et s’intensifier.


Erik GROBET