«Gilets jaunes»

«Gilets jaunes» : Les pauvres ne paieront pas pour le climat

Porteurs de revendications disparates et parfois contradictoires, les « gilets jaunes » cristallisent la colère d’une part croissante de la population française contre la précarisation et les inégalités. L’élément déclencheur a été l’introduction d’une taxe sur les carburants dès 2019. Extraits d’un texte d’ATTAC France.


Jason Feugray

La taxe est présentée comme une réponse aux enjeux du réchauffement climatique. Mais elle va surtout servir à boucher les trous du budget: en 2019, sur les 37 milliards prévus de taxe sur les produits énergétiques, seuls 7,2 milliards seront affectés à la transition écologique.

La fiscalité peut être un outil pour financer la transition écologique à condition qu’elle ne soit pas inégalitaire. Utiliser la fiscalité pour inciter une société entière à réduire sa consommation d’énergies fossiles n’a de sens que si, dans le même mouvement, des compensations sociales redistributrices le permettent. Il faut également désinvestir des énergies fossiles et investir massivement dans les alternatives: transports en commun plus denses et pas seulement dans les métropoles, moins chers et plus propres, développement des pistes cyclables, arrêt de l’étalement urbain qui aggrave les problèmes de transport et l’artificialisation des terres, relocalisation des activités économiques, services publics et commerces de proximité, politique ambitieuse pour des logements accessibles et bien isolés, réorientation de l’appareil productif pour répondre aux besoins sociaux utiles et durables pour la majorité de la population.

Le président Macron mène une politique contraire à ces objectifs: approfondissement de la globalisation économique et financière qui n’est pas climato-compatible, réduction des dépenses publiques et donc des possibilités d’investissement en faveur de la transition écologique et sociale, fermeture des lignes de desserte locale et poursuite du déclin du fret ferroviaire, fermeture des services publics de proximité, poursuite de la construction d’autoroutes, etc.

Une véritable politique de lutte contre le réchauffement climatique ne peut se faire en aggravant les inégalités mais doit être, au contraire, l’occasion de réduire celles-ci pour aller vers une transition écologique et sociale, appuyée sur plus de justice fiscale.