Syrie

Syrie : Une souffrance sans fin

L’attaque au gaz toxique du 4 avril, contre la ville de Khan Cheikhoun dans la province d’Idlib, a fait plus de 80 morts et plusieurs centaines de blessé·e·s graves. En réaction, la base militaire Shayrat du régime Assad, d’où auraient décollé les appareils responsables de cette attaque, a été la cible de frappes aériennes étatsuniennes. Pour la première fois en six ans.

Le bombardement  aux armes chimique sur la ville de Khan Cheikhoun n’est pas une exception. Depuis les attaques chimiques dans la région de la Ghouta, au sud de Damas en août 2013, qui avaient fait environ 1400 morts, jusqu’à celles sur Khan Cheikhoun, d’autres bombardements contenant des produits chimiques toxiques ont eu lieu régulièrement. Le Réseau syrien pour les droits de l’homme (SNHR) a documenté 167 attaques par les forces du régime utilisant des substances toxiques depuis septembre 2013.

C’est dans ce contexte qu’il faut comprendre la satisfaction de certaines franges des milieux populaires syriens, en particulier dans les zones libérées, de voir une base militaire d’un régime les massacrant jusque-là en toute impunité, être la cible de frappes aériennes punitives par les Etats-Unis.

Aucun espoir à l’horizon, mais notre solidarité indéfectible

Cela dit, la réaction étatsunienne ne soulève guère d’optimisme. Le président Trump s’est arrangé pour ne pas trop bousculer Assad et fâcher Moscou. Washington a en effet averti les dirigeants russes avant de bombarder la base militaire de Shayrat, tandis que, selon certains témoignages, le régime syrien aurait eu le temps d’évacuer son personnel et de déplacer son équipement hors de la base avant les frappes. Durant les 24 heures qui ont suivi les bombardements, l’aviation du régime a à nouveau pu utiliser la base de Shayrat. La répression de Damas et de ses alliés, elle, continue de s’abattre contre les opposant·e·s au régime et les populations civiles.

D’autres éléments montrent la nécessité de lutter contre les illusions d’une intervention bénéfique d’un pouvoir étatsunien raciste et qui fait la chasse aux réfugiés et aux étrangers sur son propre sol. Depuis 2014, les frappes aériennes des Etats-Unis en Syrie et en Irak ont fait plus de 2 500 morts civils.

Dans ces conditions, l’administration Trump, comme d’ailleurs celle de son prédécesseur Obama, ne peut représenter un espoir pour les Syrien·ne·s. Les déclarations des officiels de Washington confirment qu’il n’y a pas pour l’instant de changement de cap. La priorité reste la prétendue «guerre contre le terrorisme» et Daesh, en tentant d’atteindre une forme de stabilité autoritaire en Syrie en maintenant les structures du régime intactes.

Le peuple syrien continue donc de souffrir, renforçant la nécessité de notre solidarité avec sa lutte démocratique et sociale contre le régime Assad et ses alliés russes et iraniens, contre toutes les forces fondamentalistes religieuses, et contre toutes les interventions étrangères.

Joe Daher