«On est plus chaud que le climat»

Le 13 octobre, à l’appel de nombreux collectifs et mouvements dont solidaritéS, 7000 personnes ont défilé pour exiger des changements radicaux dans la lutte contre le réchauffement climatique.a


Jorge Lemos

À l’instar d’autres villes du monde, Genève a vu défiler plusieurs milliers de personnes dans une ambiance festive et

déterminée. Cette marche pour le climat et la justice sociale – la plus grande mobilisation de ce type jamais réalisée en Suisse – fait suite au nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), publié le 8 octobre. Selon ce rapport, un réchauffement de 2°C aurait des conséquences beaucoup plus graves que 1,5°C. Tout doit donc être mis en œuvre pour ne pas dépasser cette limite.

D’autant que les conséquences d’une augmentation de 1°C (effondrement des calottes polaires, disparition de la biodiversité, sécheresses, incendies de forêt, bouleversement des saisons et de la flore, etc.) sont à présent perceptibles partout dans le monde. En Suisse, les températures actuelles, hors normes pour la saison, engendrent le sentiment d’un basculement climatique en marche, ce qui a sans doute contribué à grossir les rangs de la manifestation. Des milliers de personnes sont maintenant convaincues que seule la mobilisation peut modifier la donne. C’est bien le système qu’il faut changer et non le climat!

Une délégation significative des peuples du Sud était présente avec des revendications bien plus radicales que le ton majoritaire de la marche. Diverses actions symboliques ont aussi eu lieu pour dénoncer le rôle que jouent la Banque Nationale Suisse (BNS), Crédit Suisse et UBS dans le changement climatique. UBS a ainsi été décriée pour son implication dans la destruction de la forêt de Hambach en Allemagne.

Cette manifestation a aussi été l’occasion pour un secteur grandissant de la lutte écosocialiste de réaffirmer avec force qu’il ne suffit plus de s’indigner et de faire pression sur les décideurs. Il faut s’insurger et désobéir, jeter les bases de pratiques sociales qui sortent du cadre capitaliste, construire la convergence des luttes et descendre dans la rue par millions, bloquer les investissements fossiles, les accaparements de terres et le militarisme, s’investir activement dans le soutien aux paysan·ne·s. Les luttes qui fleurissent de Notre-Dame-des-Landes à Hambach sont pour nous une source d’inspiration émancipatrice.

Voilà la bataille à mener pour gagner l’opinion des couches sociales les plus larges. Voilà le défi que nous devons relever en tant qu’écosocialistes. Cessons le pessimisme et le défaitisme, car l’urgence est là. Nous devons agir, ici et maintenant!

Sébastien Bertrand