Résistance électrique... Au programme, sortir du nucléaire ce 18 mai

Résistance électrique… Au programme, sortir du nucléaire ce 18 mai

L’axe franco-allemand… c’est aussi la relance du nucléaire en Europe à travers le projet de nouvelle filière de réacteurs nucléaire dits EPR (European pressurised reactor) mis en route par Siemens et Framatome au cours des années 1990… et contre lequel 10 000 manifestant-e-s se sont mobilisés devant le parlement européen il y a six mois.


Une «grande» manifestation et un beau succès à l’échelle des mobilisations antinucléaires de ces dernières années, une mobilisation modeste à l’échelle des rassemblements actuels contre la mondialisation capitaliste et contre la guerre qu’elle engendre.


Pour les antinucléaires, l’enjeu est central, faire entendre leurs voix dans le concert de la résistance, faire de la liquidation du nucléaire un des points de l’agenda de cet «autre monde possible» des altermondialistes.


Objectivement c’est une évidence:

  • Le nucléaire est l’incarnation même du cynisme capitaliste qui met au premier plan le profit immédiat, qui occulte ses conséquences sociales et écologiques à long terme et qui fait porter à la société toute entière un risque inacceptable, matérialisé à Tchernobyl comme peut-être demain au cœur de l’Europe…
  • Sécurité et nucléaire, se contractent en un mot… sécuritaire! Pour faire fonctionner une économie nucléaire, il faut «objectivement» un contrôle policier intense. Le Guardian du 12 mars signale que, la veille, s’ouvrait à Vienne une conférence, patronnée par les USA, où les représentants de 100 pays «savants, policiers et douaniers» se réunissaient pour renforcer les contrôles et le flicage sous prétexte de lutte contre le «terrorisme» nucléaire et la menace de «bombes sales» radioactives, qui sans explosion nucléaire, feraient pour des milliards de dollars de dégâts chacune.
  • Nucléaire civil et militaire sont étroitement mariés, chacune de nos cinq centrales nucléaires helvétiques produit chaque année assez de plutonium pour fabriquer une kyrielle de bombes atomiques. Le Japon par exemple qui – Hiroshima et Nagasaki obligent – n’est, comme la Suisse, pas une puissance nucléaire officielle, est à la tête d’un stock de plutonium dépassant les 35 tonnes, alors qu’il faut une vingtaine de kilos pour une bombe. Fin janvier, le gouvernement japonais avouait à l’AIEA avoir «égaré» environ 200 kilos de plutonium issus de son usine de retraitement de Tokaimura.
  • L’atome et la démocratie ça fait deux. Les conseil national en fait la démonstration ces jours, qui vient de refuser aux cantons le droit de se prononcer sur des dépôts de déchets radioactifs sis sur leur territoire. C’est une réponse aux refus réitérés, dont le dernier date du 22 septembre 2002, de la population de Nidwald d’accepter un tel dépôt au Wellenberg…
  • Loin d’être une alternative au pétrole, avec ses accidents à la Prestige et ses mégatonnes de CO2 avec catastrophes climatiques à la clé, le nucléaire participe du même modèle de développement écocide. Les USA représentent 5% de la population mondiale, mais 25% des émissions totales de CO2 …et 30% de la production électronucléaire.
  • Les illusions d’une sortie du nucléaire «par le marché», qui ont sévi un temps jusque chez certains antinucléaires radicaux, ont disparu depuis belle lurette. En Suisse, la bataille autour de la LME a servi de vaccin – espérons-le définitif – contre cette illusion…

Mais, subjectivement, la bataille contre le nucléaire apparaît encore trop marginale dans le programme de la résistance. Pourtant, une échéance importante se profile. Le vote fédéral du 18 mai met en effet à l’ordre du jour politique la décision de sortir du nucléaire… Le lobby patronal est en campagne et tente par un matraquage publicitaire, massif et mensonger, de marier hydraulique et nucléaire comme étant deux énergies propres et indigènes…


Des partisans du nucléaire en profitent pour relever la tête, comme l’UDC à Genève, où l’opposition au nucléaire est pourtant constitutionnelle. Les blochériens genevois annonçaient en effet début février, dans un même souffle, leur listes aux municipales pour reconquérir des majorités de droite en Ville de Genève et à Vernier, ainsi que leur soutien au nucléaire «national», au motif que «Nos centrales sont sûres, il n’y a pas eu d’accident en Suisse».


Le dernier vote «énergétique» en Suisse contre la libéralisation-privatisation électrique par la LME a été une «surprise». Travaillons ensemble à une une nouvelle «surprise» antinucléaire le 18 mai…


Pierre VANEK