Une agriculture locale et diversifiée pour une alimentation saine et sans OGM


Jowsuggs

Aujourd’hui, le pouvoir de quelques grandes multinationales sur la filière alimentaire est devenu extrême. Un seul exemple: 60% du secteur des semences sont détenus par trois groupes internationaux. Ils se livrent une guerre sans merci avec des conséquences sociales et environnementales désastreuses. Pour inverser cette tendance, il faut reprendre la main sur nos ressources (terres, semences, eau, biodiversité), car elles sont les bases d’une agriculture paysanne socialement juste, écologique et sans OGM!

Une alimentation diversifiée et un système alimentaire résilient se basent sur des fermes nombreuses et de toutes tailles, aux modes de production variés. Une large gamme de produits est ainsi proposée à la population. Ajoutons que la transformation à la ferme ou en coopérative paysanne, encouragée par l’initiative pour la souveraineté alimentaire, permet d’atteindre plusieurs objectifs: une part plus importante de la valeur ajoutée pour les fermes et de l’emploi pour les jeunes. Par ailleurs, le contact direct entre paysan·ne·s et consommateurs·trices et la traçabilité sont renforcés.

Dans nos assiettes, la diversité passe également par moins de viande, mais plus locale, issue d’animaux bien traités et nourris avec de l’herbe ou des fourrages locaux; la dépendance au soja ou au maïs venant d’outre-mer doit diminuer car elle est dévastatrice pour l’agriculture paysanne familiale de ces pays et pour leurs ressources naturelles.

solidaritéS dénonce le fait qu’en 30 ans, 35000 fermes et 100000 emplois agricoles ont disparu dans la quasi indifférence, alors que celles et ceux qui sont encore en activité continuent de subir le diktat du marché. Depuis 2000, les prix des produits agricoles ont diminué de 12% alors qu’ils ont augmenté de 5% à la consommation. Les marges prises par les grands distributeurs suisses sont les plus élevées d’Europe; entre 30 et 35% en moyenne. Les travailleurs·euses agricoles sont le dernier maillon de la chaîne et assument le rôle des petites mains indispensables. Souvent sans pouvoir se défendre, mal représentés et peu considérés. Leurs conditions de travail, réglées aujourd’hui par plus de 20 contrats-types de travail, ne sont pas dignes du 21e siècle.

solidaritéS partage la position du syndicat Uniterre qui revendique depuis longtemps plus de transparence dans la formation des prix, des marges et dans la gestion des quantités produites. C’est seulement ainsi que nous obtiendrons des prix rémunérateurs pour les paysan·ne·s, des conditions de travail justes et harmonisées pour les salarié·e·s agricoles et des prix accessibles à la consommation.

Cette initiative n’appelle pas à l’autarcie et à la fermeture des frontières. Elle contribue à la réduction de la dépendance aux marchés internationaux en valorisant l’agriculture locale, au Nord comme au Sud. Les importations doivent respecter des critères sociaux et environnementaux et les exportations ne doivent pas nuire aux marchés agricoles d’autres régions. Loin d’être rétrograde, l’initiative tient compte des défis du futur: changement climatique, augmentation du prix du pétrole, spéculation sur les aliments et crises politiques qui affecteront de manière croissante le marché global. Notre système alimentaire mondial est responsable de près de 50% des gaz à effet de serre. Selon l’atelier de réflexion Vision Landwirtschaft «notre agriculture doit importer actuellement deux calories d’énergie pour produire une calorie alimentaire, entraînant une dépendance forte et croissante de l’étranger. De plus, pour nourrir nos animaux de rente, la Suisse a besoin de presque autant de surfaces cultivables à l’étranger que nous en avons dans notre pays. Avec cette nourriture importée pour nos vaches, on pourrait nourrir plus d’un million de personnes» (Le Temps, 27.4.2014).

Il est donc temps de relocaliser ce système, pour réduire les transports inutiles, la chaîne du froid et le gaspillage alimentaire. Pour la santé, la nature et le climat!

Mobilisons-nous jusqu’au 23 septembre pour changer le cap de notre politique agricole pour une agriculture paysanne et solidaire, et pour pouvoir déterminer le contenu de notre assiette. solidaritéS est prêt à relever ce défi et vous appelle à vous engager ces trois prochains mois pour que l’initiative pour la souveraineté alimentaire passe la rampe.

Dans la même optique, solidaritéS appelle également à voter oui à l’initiative «Pour des aliments équitables» des Verts.

La rédaction