Ouverture des magasins

Ouverture des magasins : Les organisations patronales préparent le terrain

Les grandes surfaces lancent une nouvelle offensive pour accroître leurs parts de marché. Elles veulent prolonger l’ouverture des magasins le samedi, ouvrir un dimanche en décembre et agrandir la zone touristique. Elles sont appuyées par les faîtières patronales.

Trade Fribourg, qui représente la grande distribution, s’appuie généralement sur les «nouveaux besoins de consommation» pour justifier ses propositions. Aujourd’hui, c’est une enquête de la Chambre de commerce et d’industrie qui est appelée à la rescousse. Mais l’étude est largement contradictoire et les patrons apprennent peu de leurs échecs en votation populaire.

Tourisme d’achat

La Chambre base son étude sur l’exploitation de données statistiques et sur une enquête auprès de 153 commerces. Elle pointe trois difficultés: le commerce électronique, les achats à l’étranger et la concurrence des cantons voisins. Sa conclusion porte toutefois essentiellement sur la prolongation des heures d’ouverture du samedi.

L’enquête auprès des commerces fait pourtant ressortir des éléments qui contredisent cette conclusion. Ainsi, 31 % des commerces ferment actuellement avant 16h00 le samedi et 15 % n’ouvrent pas du tout. Et parmi les commerces qui ouvrent jusqu’à 16 h, 57 % estiment que cela ne pose aucun problème. En fait, seuls les commerces employant plus de 50 personnes critiquent la fermeture actuelle. L’enquête montre également que la tranche horaire «la meilleure» n’est pas la dernière, mais bien celle qui va de 14 h à 15 h.

La droite divisée

Le parlement a accepté une motion UDC/PDC visant à prolonger l’ouverture du samedi jusqu’à 17 h. Le gouvernement va donc présenter son projet de loi, mais cela n’ira pas tout seul. Une enquête interne au PDC montre que seul·e·s 44 % des activistes sont d’accord avec la prolongation. Au parlement, le PLR Hunziker constate «que c’est les grandes surfaces qui profitent des prolongations et non le petit commerce du coin». De son côté, l’UDC Frossard est contre car il a «épousé une ancienne vendeuse et a une belle-sœur vendeuse dans le canton de Vaud».

Malgré tout, l’Agglo Fribourg cherche à obtenir un statut de site touristique pour certains quartiers, ce qui permettrait aux magasins d’ouvrir jusqu’à 22 h le samedi! Et certains commerces de la capitale s’agitent, en lien avec l’Union patronale, pour obtenir une ouverture un dimanche de décembre. Tout cela risque de déclencher une grosse colère citoyenne englobant une partie de la droite.

La bataille s’annonce bien

En matière d’heures d’ouverture des magasins, une réforme libérale en appelle une autre. On est pour ou contre, il n’y a pas de compromis possible. Pour rallier une majorité de la population, il faudra s’engager clairement contre l’ouverture prolongée.

En montrant les enjeux pour le personnel de la vente de la maîtrise de leur temps de travail. Mais aussi en développant l’argument écologique et sociétal: la surconsommation n’amène rien de bon. PAC