La démocratie directe dans tous ses états!

Les instruments de la démocratie directe sont de précieux outils dans les luttes défensives, mais aussi pour imposer des débats idéologiques de fond. Si, à Genève, de nombreux partis s’y essaient, peu ont une réelle capacité organisationnelle pour faire aboutir des référendums et initiatives. Alors que l’UDC annonçait avoir renoncé à son initiative xénophobe «Les nôtres d’abord» afin d’appuyer celle du MCG «STOP: frontaliers» (qui a également échoué ces derniers jours), notre camp déposait cette semaine une initiative constitutionnelle, une initiative législative et un référendum. Retour sur ces réussites!

Pour une laïcité démocratique

Les quatre référendums lancés il y a 40 jours contre la prétendue «Loi sur la laïcité» de l’Etat, dont Pierre Maudet est l’artisan, ont abouti avec un total cumulé de quelques 8500 signatures.

C’est un grand succès démocratique qui permettra aux citoyen·ne·s genevois de se prononcer dans les urnes sur cette loi très problématique du point de vue des libertés fondamentales et de la neutralité religieuse de l’Etat.

L’élan de résistance à cette loi, qui a vu le seuil légal des signatures requises pour un référendum dépassé de 60 %, est le fruit d’un travail convergent de divers milieux qui ont su s’unir – au-delà de leurs différences et dans le respect de celles-ci – pour atteindre un objectif démocratique commun.

Au-delà du nombre de signatures récoltées, l’élargissement des soutiens au cours de la période de récolte augure bien d’une extension plus étendue encore du front du non avant la votation, qui devrait avoir lieu au début de l’an prochain. Et ce n’est pas l’un des moindres mérites de ces référendums que d’obliger plusieurs acteurs·trices (dont les partis politiques qui n’ont pas eu de discussion large et sérieuse sur ces questions et les enjeux de cette loi) à en débattre en vue de leur prise de position dans la perspective du vote populaire…

SolidaritéS a joué un rôle important dans la résistance à cette loi au parlement et dans l’impulsion de ces référendums. On ne peut donc que se réjouir de ce débat démocratique indispensable. Par ailleurs, nous travaillerons à répondre aux craintes de celles et ceux qui ont peur de voir passer par-dessus bord, avec le refus désormais possible de la loi par le peuple, quelques avancées qu’elle contient: liquidation des lois anticléricales obsolètes, dispositions concernant les aumôneries des prisons, etc.

Pierre Vanek

La population pourra réclamer ses milliards à la BCGE

Ensemble à Gauche (EàG) a déposé son initiative constitutionnelle visant à obtenir le remboursement par la Banque cantonale de Genève (BCGE) du coût de son renflouement par l’Etat, soit 3,2 milliards. 9662 citoyen·ne·s ont appuyé ce texte qui devra donc être soumis au parlement, puis au peuple. Face aux refus des autres partis d’empoigner cette question au Parlement, EàG remporte une première manche importante avec ce soutien populaire. Une victoire gagnée grâce à la mobilisation des militant·e·s qui ont sillonné le canton 4 mois durant pour rencontrer la population et récolter les graffes de citoyen·ne·s.

Cette première victoire est extrêmement importante car elle met fin à 15 ans de silence et fait éclater le tabou lié au sauvetage de la BCGE. En déposant cette initiative, EàG a montré qu’il y avait une réelle légitimité populaire à revenir sur les conditions d’octroi des deniers publics à la banque cantonale et surtout à planifier un remboursement. Mais le combat va être long. La BCGE a déjà annoncé refuser d’entrer en matière et contester la légalité et la légitimité du texte de l’initiative. Il y a aura sans doute une bataille juridique, puis une bataille parlementaire et finalement une votation populaire. Grâce au soutien de la population, EàG est prêt pour cette longue lutte démocratique essentielle. PaC

23 francs, c’est un minimum – En route vers un salaire minimum légal!

La communauté genevoise d’action syndicale (CGAS), soutenue par Ensemble à Gauche, les Verts et les socialistes, a déposé son initiative «23 francs, c’est un minimum!», munie de 7754 signatures, dont l’essentiel a été récolté en seulement trois semaines. Dans le même temps, celles de l’UDC genevoise et du MCG qui stigmatisaient les travailleur·euse·s étrangers ont échoué faute de signatures. «Pour les syndicats genevois, le signal que donne ainsi la population est sans équivoque: les vociférations anti-frontaliers·ères et anti-étrangers·ères ne prennent plus, alors qu’il est urgent de véritablement combattre la précarité liée aux bas salaires.»

Ces deux nouvelles sont excellentes pour notre lutte historique en vue de l’instauration d’un salaire minimum légal à Genève. Après une première votation en 2011 sur le principe d’un salaire minimum, perdu de peu, et une votation populaire fédérale sur un salaire minimum à 4000 francs, le corps électoral genevois devra se prononcer sur l’introduction d’un salaire minimum légal de 23 frs de l’heure. Une campagne qui s’annonce passionnante puisque l’échec des deux initiatives xénophobes lancées en parallèle montre que la population refuse de plus en plus nettement la division des travailleur·euse·s. Nos campagnes de fond sur ce sujet commencent à porter leurs fruits ; la responsabilité patronale dans le dumping salarial et la précarité des travailleur·euse·s genevois est de moins en moins contestée.

Désormais, il s’agit de créer un front le plus large possible afin de porter cette campagne, de gagner dans les urnes et d’imposer une véritable avancée sociale à Genève. Ensemble, c’est possible!

Pablo Cruchon