Russie

Russie : La Coupe du monde de la honte

Cet été, la Russie de Poutine accueille la Coupe du monde de football. Idéal pour faire oublier ses crimes en Ukraine et en Syrie, et la répression féroce contre ses propres citoyen·ne·s.

Rassemblement pour la libération des prisonniers politiques en Russie, Genève, place des Nations, 2 juin 2018

En 2017, la FIFA a déclaré qu’elle mettrait «tout en œuvre pour promouvoir la protection des droits humains et pour contribuer de manière positive à leur plein exercice». Pourtant, pas un mot sur les conditions de travail dangereuses qui ont causé la mort de 21 ouvriers sur les sites de construction des stades, ni sur l’interdiction de manifester dans les villes russes avant, pendant et après la compétition.

Au contraire, la FIFA a envoyé les équipes s’entraîner en Tchétchénie, la satrapie de Ramzan Kadyrov, connu pour sa chasse aux homosexuels et les emprisonnements arbitraires des défenseurs des droits humains. Business as usual.

Emprisonnements arbitraires et torture

En arrière-plan de la Coupe du monde, la population russe subit les violations du droit du travail, les restrictions des droits fondamentaux et une répression politique sans précédent. À la veille du tournoi, les services secrets russes ont monté une «affaire terroriste»: un groupe de jeunes antifascistes auraient planifié des attaques à l’explosif pendant la compétition, en vue de renverser Poutine par l’insurrection armée et d’établir «un État anarchiste».

Les prisonniers affirment avoir subi des tortures: passages à tabac, pendaison à l’envers, viols, chocs électriques. Même chose lors de l’annexion de la Crimée, en 2014, avec l’arrestation du cinéaste Oleg Sentsov et du militant anarchiste Alexandre Koltchenko, accusés d’avoir fomenté des actions terroristes. Malgré le caractère politique de cette affaire montée de toutes pièces et l’absence de preuves, Sentsov a été condamné à 20 ans de prison, Koltchenko à 10.

Le 14 mai 2018, Sentsov, emprisonné dans une colonie pénitentiaire sur le cercle polaire, a entamé une grève de la faim: selon ses calculs, sa mort devrait avoir lieu pendant la Coupe du monde. Il exige la libération des 64 prisonniers politiques ukrainiens détenus en Russie. Koltchenko, malgré un sérieux déficit de poids (62 kilos pour 1 mètre 90), a suivi son exemple.

Sur le plan international, depuis des années et dans l’impunité totale, la Russie fournit un appui militaire et diplomatique au criminel de guerre Bachar el-Assad: les offensives lancées par l’alliance russo-syrienne auraient causé la mort de milliers de civils. Quant à l’Ukraine, après l’invasion russe, 15 000 personnes y ont perdu la vie.

Les autocrates comme Poutine cherchent à accueillir les grands événements sportifs, qui leur offrent deux choses dont ils ont désespérément besoin: de la publicité et un vernis de respectabilité. Notre devoir est de dévoiler la vérité honteuse derrière les luxueuses façades que le régime poutinien essaye d’ériger. AP

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