Conducteurs de taxi mobilisés contre Uber

Le 8 mai dernier, plusieurs dizaines de conductrices et conducteurs de taxi, organisés par le syndicat Unia, se sont rassemblés à Lausanne avec leur véhicule.

Ils dénoncent la sous-enchère sociale provoquée par l’entreprise multinationale Uber, tout comme l’indifférence des autorités communales et cantonales face à cette problématique. Alors que les conditions de travail et les salaires sont déjà mauvais pour les conducteurs de taxi, l’arrivée d’Uber a encore aggravé la situation. Les professionnels des taxis sont désormais mis en concurrence avec les faux indépendants actifs pour Uber et dépourvus de la protection la plus élémentaire en termes de couverture sociale et de droit du travail.

L’Association intercommunale des taxis vient en outre de reconnaître une filiale d’Uber comme centrale d’appel pour la région lausannoise. Cette décision permet à la filiale de distribuer des courses aux chauffeurs qui détiennent une autorisation d’exercer. Or, depuis février dernier, les conditions d’obtention de cette autorisation ont été allégées sur décision du comité de direction de l’Association intercommunale des taxis, présidé par l’élu PLR Pierre-Antoine Hildbrand: désormais, l’autorisation d’exercer peut être obtenue sans examen. Si, en 2017, une régulation minimale avait été obtenue à travers l’interdiction des chauffeurs amateurs travaillant pour Uber (service dit UberPop), l’autorisation d’exercer au rabais désormais accordée dans l’agglomération lausannoise rapproche à nouveau d’une telle situation.

Ces deux mesures – autorisations d’exercer et centrale d’appel – prises à quelques semaines d’intervalle, ouvrent une voie royale pour Uber. Elles favorisent la concurrence déloyale par rapport aux 250 détenteurs de concessions affiliés à Taxi Services et péjorent les conditions de sécurité pour les clients. D’autant que la filiale d’Uber reconnue comme centrale d’appels est basée en Hollande, ce qui lui permettra probablement de contourner la législation suisse et d’échapper au fisc ; même les autorités genevoises ont exigé d’Uber d’opérer depuis une filiale domiciliée en Suisse. Ce qui fait dire au quotidien Le Matin (2 mai): «Alors que Genève paraît se faire respecter par la multinationale, celle-ci semble agir comme elle veut à Lausanne. »

Hadrien Buclin