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EVAM : Grève pour un accueil digne des mineurs non accompagnés

«Mme Amarelle, M Leuba, nous sommes ici aujourd’hui car visiblement vous ne considérez pas les mineur·e·s non accompagné·e·s (MNA) comme des enfants, mais comme des migrants avant tout.»


Mardi 24 avril,
les salarié·e·s ont entrepris une journée de grève pour contester la fermeture d’un de ces foyers et les conditions d’accueil. La journée a été conclue par une manifestation à Lausanne. Quatre éducatrices ont pris la parole devant les 300 manifestant·e·s pour souligner le besoin urgent d’améliorer les structures: «On ne peut pas justifier le fait d’avoir 40 ou 70 enfants encadrés par 2-3 personnes, souvent par des surveillants armés d’une ceinture, de gants de sécurité et de spray au poivre, sous seul prétexte qu’ils soient migrants».

Les politiques d’austérité engendrent des discriminations racistes

Une éducatrice en grève affirme que cela fait maintenant presque quatre ans que les équipes éducatives des foyers de l’EVAM soutenues par le Syndicat des services publiques se battent «pour améliorer les conditions d’accueil de ces jeunes, sauvegarder nos emplois et contrer la multiplication des voies hiérarchiques qui rendent notre travail plus difficile et beaucoup plus coûteux». La décision de fermer un foyer et de supprimer l’équivalent d’onze postes de travail ne sont que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase (voir solidaritéS n° 325). «On commençait à peine à voir les effets positifs de la baisse des effectifs due à la diminution du flux des réfugié·e·s après une longue période difficile pour nous mais surtout pour les MNA. Et puis la décision de la fermeture est arrivée. Ce serait un retour aux conditions précédentes à un moment où ces jeunes sentent pour la première fois qu’on est là pour eux». Une autre explique qu’il «est injustifiable qu’il y ait des meilleures conditions dans les foyers du service de protection de la jeunesse juste parce ces jeunes ne sont pas des réfugié·e·s. On ne peut pas punir des enfants parce qu’ils ont fui la guerre et perdu leurs parents».

Des conditions déplorables

Les 4 dernières années les salarié·e·s des foyers MNA se sont confronté à des situations difficiles comme des tentatives de suicide, des fuites ou des agressions. Il a fallu faire face à des décisions hiérarchiques absurdes comme le renvoi de jeunes en crise dans des foyers pour adultes, sans prendre en considération leur parcours traumatisant ou les effets néfastes du manque d’encadrement spécialisé. Le personnel y voit beaucoup plus clair que certain·e·s politicien·ne·s et la direction de l’EVAM qui proposent une augmentation du personnel de sécurité. Malgré toutes les difficultés, l’ensemble des grévistes étaient très préoccupés par la situation de ces jeunes.

Une grève solidaire. Une grève de solidarité

Bien que ces revendications soient propres au personnel des foyers MNA, la mobilisation a été soutenue par l’ensemble du personnel des foyers de l’EVAM. La direction envisage de ne pas renouveler certain·e·s contrats à durée déterminée afin de pouvoir «libérer» ces postes pour des salarié·e·s en contrat à durée indéterminée dont le licenciement aurait dû être indemnisé. Les efforts de la direction de diviser n’ont pas aboutis. L’unité de la grève et de la manifestation ont montré que le personnel ne se laissera pas faire. La perte de certaines places de travail serait une perte pour tou·te·s, employé·e·s et bénéficiaires!

En même temps, le chef du département des finances Pascal Broulis affirme vouloir utiliser l’excédent des comptes 2017 de 147 millions pour combler les pertes engendrées par l’anticipation de la réforme de l’imposition des entreprises (RIE 3) et celui du département de l’économie Philippe Leuba se réfère aux MNA comme des client·e·s. «Cela en dit long…» comme l’a relevé Jean-Michel Dolivo, député d’Ensemble à Gauche et membre de solidaritéS présent à la manifestation. Pour solidaritéS Vaud, il est clair que toute la gauche doit soutenir les employé·e·s. A leurs côtés nous refusons de cautionner cette politique qui tranche, parmi des enfants, entre celles et ceux qui ont des droits, et celles et ceux qui en auraient moins.

Dimitris Daskalakis


Les MNA au Grand conseil

Une résolution intitulée «Pour des conditions d’accueil dignes des mineurs non-accompagnés (MNA)» a été déposée au Grand conseil le jour de la manifestation par Ensemble à Gauche et le Parti socialiste avec le soutien des Verts.

Si le plénum a refusé de modifier l’ordre du jour, la résolution sera en principe débattue le 8 mai, la question est revenue sur le tapis lors de la discussion sur la garantie d’emprunt de 22 millions octroyés à l’EVAM pour le développement de ses bâtiments. Hadrien Buclin (EàG) a déploré le fait qu’à peine le flux diminue que le canton se dépêche de fermer l’un des quatre foyers du canton. «Cette décision est l’un des éléments déclencheurs de la mobilisation de ce jour» a-t-il rappelé en regrettant que le canton ferme des locaux pour faire des économies.

La résolution demande que «le Conseil d’Etat mette tout en œuvre dans les meilleurs délais pour que soient offertes dans le canton des conditions d’accueil et d’encadrement, égales pour tous les enfants en foyer, quel que soit leur statut, leur origine ou leur histoire, et que cessent dès lors la distinction discriminatoire faite entre jeunes MNA et les autres jeunes». DD