Transport maritime et climat

Transport maritime et climat : Un accord historique mais peu ambitieux

L’Organisation maritime internationale (OMI) est une branche méconnue de l’ONU. Cette institution chargée «d’assurer la sécurité et la sûreté des transports maritimes et de prévenir la pollution des mers par les navires» se réunissait début avril à son siège de Londres pour une assemblée plénière avec des représentant·e·s des 170 Etats membres. De petits paradis fiscaux controversés y jouent un rôle très important (Panama, Malte, Iles Marshall et Bahamas entre autres), en raison du nombre extrêmement important de navires commerciaux enregistrés sous leurs pavillons respectifs.

Au programme de cette semaine de réunions, la «Stratégie initiale pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) provenant des navires». Car bien que 80% du transport commercial mondial soit assuré par voie maritime, le secteur est peu réglementé. En ce qui concerne les impacts environnementaux, au-delà des récurrentes catastrophes liées à des déversements (volontaires ou accidentels) d’hydrocarbures ou de déchets en pleine mer et à proximité des côtes, une étude européenne de 2015 prévoit que le transport maritime sera responsable de 17 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050.

Annoncée depuis 2017, cette Stratégie initiale a été entérinée le 13 avril dernier, en clôture de l’assemblée de l’OMI, avec le vote favorable de plus de 100 Etats. Si les USA, le Brésil, le Panama et l’Arabie Saoudite ont fait part de leur opposition, le soutien des Iles Marshall, minuscule archipel lui-même fortement menacé par la montée des eaux, a certainement été un facteur déterminant. De concert avec l’Union européenne, le petit Etat réclamait la réduction de 70 % des émissions de GES d’ici 2050. Un compromis à 50 % de réduction a finalement été trouvé.

Cet objectif est louable, surtout venant d’un secteur aussi énergivore non soumis aux principaux accords climatiques mondiaux et consommant en majorité du fioul maritime lourd (mazout) riche en soufre et très polluant. Mais les ONG de la Clean Shipping Coalition (CSC) ont dénoncé dans un communiqué de presse le manque d’objectifs intermédiaires à court et moyen terme, l’absence d’un réel plan d’actions pour développer rapidement des alternatives technologiques et l’ambition du texte revue à la baisse (une réduction de 70 à 100% des émissions étant nécessaire pour respecter les termes de l’accord de Paris).

Pedro Spluzjoni