Macron et le bruit des bottes

Une année après le passage en force de la loi travail, Macron continue d’imposer la stratégie du choc à marche forcée et sous le bruit des bottes. D’une main, il fait profiter ses ami·e·s banquier·ère·s et actionnaires des largesses des collectivités publiques en baissant leurs impôts et en leur octroyant des aides. De l’autre, il attaque les conditions de travail et de vie de la population avec la privatisation de la SNCF, la sélection universitaire, l’expulsion des migrant·e·s, la destruction des services publics, de la protection sociale et du travail.

Face à cela, les cheminots annoncent des grèves qui bloquent le pays. Ils et elles rejoignent d’autres mouvements tels que les grévistes de Carrefour ou les étudiant·e·s qui occupent les universités. Macron accuse les cheminots de privilèges et de prise d’otage avec la complicité des médias dominants et envoie les CRS évacuer les universités. Pendant ce temps-là, les milices d’extrême-droite se sentent pousser des ailes.

Contre le démantèlement de la ZAD: résistance

Mais Macron n’est pas rassasié. Il a encore faim et veut faire taire toute contestation. En pleine négociation à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement déclenche une opération militaire visant à en faire un exemple national. Il n’est pas envisageable de laisser la victoire de l’abandon de l’aéroport aux occupant·e·s. Ce 9 avril, Macron envoie 2500 gendarmes mobiles, des centaines de CRS, des blindés anti-émeutes, des hélicoptères, des drones, des maîtres-chiens, des pelleteuses, des camions et des bétaillères.

Mais Macron ne mène pas seulement une opération militaire. Il mène également une opération de communication digne des opérations «tempête du désert» et «liberté irakienne». Après des semaines de bataille de l’information où le gouvernement dénonce la présence de terroristes possesseurs d’armes de destruction massive et affirme qu’une évacuation peut causer des morts, les journalistes sont interdits de zone et doivent se contenter des images et du récit des autorités pendant que les lieux d’activités et de vie sont détruits et les habitant·e·s expulsés.

Quel que soit le résultat de cette opération, le laboratoire que constitue la ZAD de Notre-Dame-des-Landes a participé à semer des graines dans nos imaginaires bien au-delà de ce bocage destiné à être couvert par du bitume hier ou par une monoculture au service de l’agriculture industrielle demain. Il aura montré que résister est possible. Son activité subversive aura nourri le fol espoir d’un monde que nous aurions entre les mains. Aujourd’hui encore, la ZAD existe et résiste, partout.

Sébastien Schnyder