Climat favorable pour les destructeurs du climat

«Les marchés s’intéressent fortement aux réserves de gaz et de pétrole de l’Argentine depuis l’arrivée du président Mauricio Macri. » Marco Dunand, directeur de Mercuria, Le Temps, 19 mars 2018.

Vaca Muerta («vache morte» en espagnol, ça ne s’invente pas) est un gigantesque gisement de 30 000 km2 dans l’ouest de l’Argentine. Le pays est le 2e du monde en termes de réserves prouvées de gaz de schiste (derrière la Chine) et le 4e pour le pétrole de schiste.

En 2012, le gouvernement Kirchner a fait de l’exploitation du gisement priorité nationale. Une subvention étatique aux extractions et une grande campagne de relations publiques (avec entre autres le pape François – oui, celui de l’encyclique sur l’écologie) ont attiré toutes les majors du pétrole. Cette première phase est documentée dans La passion du schiste (Cetim, 2016). En 2014, la chute des prix du pétrole a mis en sommeil une partie des exploitations.

Intensification de l’exploitation

En 2017, le péroniste de droite Mauricio Macri a négocié avec les syndicats de l’industrie pétrolière un accord qui dégrade considérablement les conditions de travail et la rémunération des employé·e·s. Les compagnies déclarent que l’accord leur permettra de réduire les coûts de la main-d’œuvre de 30 à 40 %.

Avec la hausse du cours du pétrole, les conditions sont réunies pour une nouvelle ruée vers l’extraction d’hydrocarbures non conventionnels. Or, on connaît les dégâts sociaux et environnementaux et l’aberration écologique de ces techniques.

Parmi les compagnies qui investissent dans le gisement de Vaca Muerta, une est contrôlée depuis Genève. Le géant du négoce de matières premières Mercuria possède 80 % de Phoenix Global Resources, qui a acquis 3000 km2 de terrain dans la région.

Mercuria a réalisé 91 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2017 – plus que Nestlé. Une cible pour une prochaine mobilisation sur le thème du négoce sur les matières premières? NW