Initiative «Pour la souveraineté alimentaire»

Initiative «Pour la souveraineté alimentaire» : Le rejet massif des Chambres fédérales

L’initiative déposée par le syndicat paysan minoritaire Uniterre, que nous avions soutenue, a été massivement rejetée sans contre-projet par les deux Chambres fédérales. Seuls les Verts y étaient favorables. La votation populaire s’annonce difficile.

Il y a un théâtre d’ombres sur la scène de la politique agricole. L’exécutif fédéral jure ses grands dieux qu’il soutient la paysannerie suisse, alors que son choix de l’industrialisation de l’agriculture est clair. L’Union suisse des paysans (USP) explique qu’elle ne cherche que la satisfaction des consommatrices et consommateurs suisses tout en s’inscrivant dans une logique de mondialisation marchande de l’agriculture. L’initiative d’Uniterre, appuyée par l’Alliance pour la souveraineté alimentaire, a l’avantage de bousculer ce jeu de rôle bien appris. Elle rappelle que d’autres critères que la seule compétitivité doivent entrer en ligne de compte. Ce dont le parlement ne veut rien savoir, sauf dans les discours de foires agricoles.

Voici ce que disent les initiant·e·s de cette décision parlementaire:

[…] Malgré les préoccupations grandissantes de la population quant à la qualité et la provenance de ses aliments, ainsi que les signaux donnés par les paysan·ne·s sur la détérioration constante de leur situation par le changement climatique et l’épuisement des ressources naturelles, le parlement reste fidèle aux recettes du passé.

Le plébiscite de la population pour la sécurité alimentaire en septembre 2017 et les réactions virulentes d’une partie des parlementaires à la politique agricole proposée par M. Schneider-­Ammann n’ont rien changé à l’attitude de la majorité parlementaire: elle fait la sourde oreille.

[…] Bien que «le renforcement de la production locale, la protection des terres cultivables et l’encouragement de l’agriculture sans OGM» aient été jugés comme importants par la commission qui a traité notre initiative, ces éléments seront noyés sous la pression de la «vue d’ensemble de la politique agricole» du Conseil fédéral et seront vite oubliés.

«Alors que la démocratisation des systèmes alimentaires, ainsi que des prix rémunérateurs et des salaires justes pour les employé·e·s agricoles semblent être tant un impératif moral qu’une volonté populaire, le choix politique, semble-t-il, se tourne dans la direction opposée. Idem pour les exigences de transparence et de traçabilité voulues par le peuple. Elles n’ont pas été comprises par les Chambres» dit Pierre-André Tombez [président de l’Alliance, réd.] DS