Non à un consensus sur le dos des plus faibles

Le Conseil d’Etat annonce une série de mesures immédiates face à l’absence de budget. Il a notamment décidé de geler les contrats ISP (insertion professionnelle), avant de reculer face à l’indignation des professionnel·le·s de l’insertion.


Intersop

Neuchâtel est un canton industriel, soumis aux transformations en profondeur que subit l’industrie depuis 40 ans. L’automatisation a réduit le besoin en personnel pas ou peu qualifié et l’industrie est aujourd’hui demandeuse de spécialisations, de compétences techniques pointues, de capacités d’adaptation rapide à des conditions changeantes.

Face à l’indignation, le Conseil d’Etat a reculé

Ces changements rapides en laissent bon nombre sur le bas-côté. Face à cette situation, l’insertion professionnelle regroupe des mesures destinées à des personnes qui ont décroché du marché du travail et souhaitent y revenir. Ce sont aussi des lieux de réinsertion où se déroulent les premières étapes d’acquisition ou de réacquisition de compétences nécessaires pour un retour ou une entrée en emploi.

Neuchâtel détient la palme helvétique du plus grand nombre de bénéficiaires de l’aide sociale (7%). Si l’Etat se retire des programmes ISP, c’est la garantie de faire gonfler ce chiffre.

Bloquer les mesures d’insertion, c’est aussi une façon de dire qu’il pourrait être acceptable de marginaliser durablement celles et ceux qui ont à cœur de trouver un travail.

Heureusement, l’indignation a été à la hauteur du problème. Le Conseil d’Etat a finalement dû entendre les protestations de celles et ceux qui conduisent la réinsertion et admettre qu’une telle décision coûterait encore plus à l’Etat. Il a levé le gel.

Une mobilisation populaire est nécessaire

Mais tout cela n’est que provisoire et il ne suffira pas de créer un consensus mou dans le but d’avoir un budget. Sans réaction massive face aux 40 mesures annoncées dans le programme de législature, le pire est devant nous.

Ce canton a mal à ses recettes, c’est à cela qu’il faut s’atteler. Et vite.

Une proposition est sur la table: introduire un impôt de solidarité ou de crise en augmentant de 1% l’impôt de celles et ceux qui ont une fortune d’un million et plus. Cela rapporterait 80 millions au canton. De quoi reformuler un programme de législature sans entamer l’indispensable comme le prévoit le Conseil d’Etat.

Henri Vuilliomenet