Ankara lance une nouvelle guerre contre les Kurdes

Depuis le 20 janvier 2018, l’armée turque assistée par des milices de l’opposition armée syrienne, en grande majorité des forces conservatrices islamiques et réactionnaires, a lancé une offensive aérienne et terrestre à grande échelle en Syrie.

Baptisée «Opération Rameau d’olivier», l’offensive militaire turque vise Afrin, au nord-ouest de la Syrie. La province, à population majoritairement kurde, est depuis 2012 sous le contrôle du Parti de l’union démocratique et de ses Unités de protection du peuple (les YPG). Plus d’une soixantaine de civils ont déjà été tués depuis le début de l’opération.

L’armée turque a utilisé comme prétexte l’annonce de la mise en place d’une force frontalière de 30000 hommes sous le commandement des Forces démocratiques syriennes (FDS), dominées par les forces kurdes des YPG. Ankara considère les YPG et le PYD en Syrie comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK).

Répression permanente

Recep Tayyip Erdogan a déclaré que l’opération contre Afrin serait suivie par une autre contre la ville de Manbij, aussi contrôlée par les PYD. Le président turc annonce qu’il «nettoiera tout présence terroriste à sa frontière».

En Turquie, depuis le début de l’opération «Rameau d’olivier», les autorités ont procédé dans plusieurs villes à des interpellations et émis près d’une centaine de mandats d’arrêt. Elles reprochent aux plusieurs centaines de journalistes et militant·e·s arrêtés d’avoir critiqué l’intervention militaire contre Afrin. Erdogan a dans le même temps menacé de répression violente les partisan·e·s du Parti démocratique des peuples (HDP) en cas de mobilisations dans le pays.

Le ministère russe des Affaires étrangères a exprimé sa «préoccupation» et appelé les parties à «faire preuve de retenue mutuelle». Mais Moscou, qui contrôle une grande partie de l’espace aérien syrien, a donné son feu vert à cette invasion et a retiré ses forces des zones ciblées par les forces armées turques.

Les Etats-Unis ont de leur côté appelé la Turquie à faire preuve de retenue et à faire en sorte que leurs opérations militaires restent limitées dans leur portée et leur durée, tout en disant comprendre les inquiétudes sécuritaires d’Ankara. Washington a d’ailleurs promis l’arrêt des aides militaires aux FDS à la suite de discussions entre le président Trump et Erdogan, selon Ankara.

Joseph Daher