Jérusalem, les puissants gangsters et nous

L’actuel président des Etats-Unis est un pyromane, dangereux et inculte gangster aux commandes de la première puissance planétaire. Sa déclaration du 6 décembre 2017, reconnaissant Jérusalem comme capitale de l’Etat d’Israël a donné des ailes au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, aux colons et à la droite, largement majoritaire en Israël. Parallèlement, le 18 décembre, quatorze des quinze Etats membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont soutenu un projet de résolution affirmant que «toute décision ou action visant à altérer le caractère, le statut ou la composition démographique de la ville sainte de Jérusalem n’a pas de force légale, est nulle et non avenue et doit être révoquée». Seul le veto des Etats-Unis a empêché son adoption.

La situation d’impasse diplomatique perdure donc. Elle permet à certains acteurs de se mettre en scène, tels Trump en nouveau croisé et Erdogan en nouveau Saladin. Et elle arrange finalement toutes les puissances, proches ou lointaines, qui défendent au Moyen-Orient leurs propres intérêts stratégiques et économiques. En coulisse, l’alliance entre Arabie Saoudite, Etats-Unis et Israël (avec l’Egypte d’Al-Sissi dans le sillage) poursuit son action contre l’Iran, y compris avec des guerres ravageuses au Yemen et en Syrie. La Russie et la Turquie élargissent leur influence en Syrie et en Iraq. Quant aux Européens, ils jouent sur tous les tableaux, notamment pour garder des parts du marché de l’armement face à la rude concurrence américaine et russe, et pour s’assurer de juteux contrats dans d’autres marchés prometteurs de la région (les pays du Golfe, l’Iran, la Syrie à reconstruire…).

Et tant pis pour les Palestinien·ne·s. Les habitant·e·s de la partie occupée de Jérusalem continueront à subir les incursions brutales et quotidiennes de la police militaire dans des quartiers comme Issawyia, les ordres d’expulsion d’habitant·e·s de quartiers entiers comme Silwan et Sheikh Jarrah, et les démolitions de maisons partout à Jérusalem-Est. Le processus de la colonisation et de l’annexion israélienne, avec la dépossession, l’enfermement et l’expulsion de la population palestinienne de ses terres et de ses maisons, continuera. Avec la bénédiction des Etats-Unis et des autres Etats membres du Conseil de sécurité, qui ont voté le projet de résolution du 18 décembre. Et les réfugié·e·es palestiniens, où qu’ils et elles vivent, auront encore moins de chances de pouvoir exercer un jour leur droit au retour, pourtant affirmé dans la résolution 194 de l’assemblée générale de l’ONU.

Et tant pis aussi pour les Syrien·ne·s, les Yémenites et les Kurdes qui fuient ou survivent aux guerres, tant pis pour les Egyptien·ne·s vivant sous la dictature, tant pis pour les réfugié·e·s en Turquie, au Liban, en Jordanie et en Libye, dont l’UE et la Suisse, de plus en plus xénophobes et racistes, ne veulent pas.

La solidarité avec la lutte du peuple palestinien pour ses droits, tout comme la solidarité avec toutes les autres populations opprimées par les guerres et les ravages économiques au Moyen Orient et en Afrique, sont plus que jamais nécessaires. Il faut développer les campagnes pour les boycottages, les désinvestissements et des sanctions pour faire cesser l’oppression et l’apartheid israéliens contre les Palestinien·ne·s, tout comme les celles contre la collaboration militaire avec Israël. Une campagne a déjà commencé pour rappeler, en 2018, que la création de l’Etat d’Israël il y a 70 ans s’accompagnait de l’expulsion de 750 000 Palestinien·ne·s et de la destruction de leurs villes et villages.

La solidarité avec la lutte du peuple palestinien, comme avec les populations du Sud global, victimes de l’oppression économique ou militaire, est partie intégrante de nos luttes ici et ailleurs, en faveur d’une société ouverte, égalitaire et solidaire, contre la domination du capital et contre la mise en place de la société-forteresse globale censée défendre les privilèges des 1 % contre les besoins des 99 %.

Tobia Schnebli