Unia, un exemple pour le patronat?

Exploitation de main d’œuvre bon marché, sous-enchère salariale, heures supplémentaires non-rémunérées, discrimination salariale des employées, sous-effectif chronique, absence de commission du personnel, politique du chiffre, tyrannie de la direction, rétention d’information, non-assistance aux membres, dépressions, burn-out, démissions, licenciements, départs avec clause de confidentialité, procédures aux prud’hommes: un syndicat y trouverait beaucoup à redire. Les propos rapportés par des membres du Comité de soutien aux syndicalistes licenciés par UNIA Fribourg sont durs et les reproches sévères.

Il aura fallu un premier article paru le 12 juillet 2017 dans le quotidien local La Liberté, suivi d’un second le 28, pour que le public apprenne le calvaire que vivent les employé·e·s de la section fribourgeoise d’Unia. Le secrétaire régional, Armand Jaquier, pointé du doigt dans ces articles, joue la victime, dénonce des attaques contre sa personne et promet des mesures fortes pour la fin du mois d’août. La chasse aux sorcières est lancée. La décision tombe comme un couperet pour l’équipe, les deux derniers secrétaires syndicaux embauchés en avril 2017, dont l’un est membre de solidaritéS, sont licenciés.

Les motifs évoqués sont fallacieux: en réalité, il s’agit de représailles car on les soupçonne d’être à l’origine des articles. L’un d’eux étant en congé ce jour-là, le secrétaire régional ira jusqu’à se rendre lui-même à son domicile pour tenter de lui remettre sa lettre de licenciement en main propre avant la fin du mois.

Les licenciements sont contestés, des négociations entamées, mais celles-ci n’aboutissent à rien. Le comité central du syndicat couvre son secrétaire régional et délègue l’affaire à un avocat. Ce dernier se contentera d’officialiser le statu quo. Les principaux intéressés n’ont plus reçu de nouvelles. Un comité de soutien se met en place, une pétition est lancée et la collectivisation des luttes individuelles démarre. Une conférence de presse est organisée le 20 octobre 2017.

Le résultat est sans appel pour les journalistes de la presse locale et nationale présent·e·s: huit employé·e·s, ancien·ne·s et actuel·le·s, témoignent de la violence des rapports de travail vécue au sein du syndicat. Quelques chiffres sont avancés: six responsables RH et sept assistant·e·s de direction se sont succédé·e·s, ainsi qu’une douzaine d’autres collaborateurs·trices, soit au total une vingtaine de départs conflictuels en dix ans. Une des revendications du comité de soutien demande l’organisation d’une rencontre avec le comité régional, soit les instances militantes qui élisent le secrétaire régional. Malgré l’écho de la conférence de presse, le comité de soutien n’a reçu à ce jour aucun retour, ni de la centrale du syndicat, ni du comité régional.

solidaritéS Fribourg

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