Inégalités et pauvreté au prisme du Rapport social

Après une première édition en 2011, le gouvernement vaudois a publié un deuxième rapport consacré à la situation sociale du canton. Sur 152 pages, celui-ci fournit, outre une présentation du système d’aides publiques, d’intéressantes informations sur les inégalités et la pauvreté. Bref tour d’horizon.

Alors que l’économie vaudoise est dynamique – avec une croissance moyenne du PIB de 2,6 % ces dix dernières années, contre 1,9 % au niveau suisse – le rapport souligne que les richesses produites sont de plus en plus mal réparties. En 2006, les 10 % de ménages aux revenus les plus élevés gagnaient 3,9 fois plus que les 10 % les plus pauvres. En 2014, le décile le mieux rémunéré touche 4,2 fois plus que le dernier décile.

Les inégalités dans la répartition de la fortune sont encore plus marquées. En 2014, alors que 27 % des ménages ne déclarent aucune fortune et qu’une autre tranche de 27 % possèdent moins de 50 000 francs nets, les 4,7 % des ménages les plus fortunés, dont les biens dépassent 1 million de francs, détiennent à eux seuls 55,7 % de la fortune privée déclarée dans le canton.

Pauvreté

Le rapport considère que 4,8 % de la population est en situation de pauvreté. Le pourcentage inclut les personnes dont le revenu disponible – soit le revenu brut auquel on soustrait les cotisations aux assurances sociales, les impôts et les primes-maladie – est inférieur à 2000 francs par mois pour une personne seule, 4000 francs pour un couple avec deux enfants.

Plus largement, 14,1 % de la population est considérée comme menacée par la pauvreté (qui correspond à moins de 60 % du revenu médian disponible, soit 2400 francs par mois). Comme le revenu médian disponible (50 % des ménages sont au-dessous, 50 % au-dessus) est de 4000 francs par mois pour une personne seule, le seuil de risque de pauvreté est donc de 2400 francs par mois pour cette catégorie de ménage. Les femmes seules avec enfant(s) forment la catégorie de ménages la plus menacée par le risque de pauvreté: 23,9 % d’entre elles se trouvent dans cette situation, contre 9,1 % des hommes seuls avec enfant(s).

Conséquences

Le rapport analyse aussi les conséquences de la pauvreté sur les conditions de vie. Les ménages à risque de pauvreté se distinguent des autres par une proportion plus forte à se dire insatisfaits de leur logement (27 % contre 17 % des autres ménages), et les 20 % de ménages aux revenus les plus bas consacrent en moyenne 43 % de leur revenu disponible au logement et au chauffage. Pour les 20 % aux revenus les plus hauts, logement et chauffage n’absorbent que 15 % du budget.

De même, sont documentés les liens entre pauvreté et dégradation de l’état de santé. Parmi les personnes avec un revenu disponible inférieur à 27 500 francs par an, 31 % déclarent souffrir d’une maladie chronique et 15 % de forts problèmes de dos. Dans cette catégorie de revenus, 38 % déclarent subir une posture fatigante dans le cadre de leur activité professionnelle et 32 % y être exposés au bruit et à la saleté.

Hadrien Buclin